Le resserrement des restrictions entourant l’avortement, aux États-Unis, voire carrément son interdiction dans certaines circonstances, ont fait bondir de jusqu’à 10% la mortalité des nouveaux-nés et des jeunes enfants, révèle une nouvelle étude.
Des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health ont ainsi analysé les effets de l’interdiction de l’avortement, en territoire américain; ce coup de massue législatif est rapidement venu s’ajouter, depuis 2021, à une série de restrictions particulièrement sévères déjà en place.
Ainsi, le Texas interdit, depuis septembre 2021, l’avortement après une période de six semaines, soit généralement avant que les femmes ne sachent qu’elles sont enceintes. En 2022, la Cour suprême des États-Unis a permis aux États d’instaurer leurs propres interdictions. En date de la fin de l’an dernier, 21 États avaient ainsi mis en place de tels interdits, ce qui a fait diminuer l’accès légal à l’interruption de grossesse.
Le nombre total de procédures a augmenté, cependant, puisque les États permettant encore l’avortement ont enregistré de légères hausses.
Dans le cadre des travaux publiés dans JAMA, les chercheurs ont découvert que, dans les 14 États interdisant carrément l’avortement, un peu plus de 22 000 naissances supplémentaires ont été enregistrées. C’est au Texas que le taux de fertilité de la population a le plus augmenté, suivi du Kentucky et du Mississippi.
Et dans les États interdisant carrément l’avortement, ou ayant rendu l’interruption de grossesse illégale après six semaines, le taux de mortalité infantile est passé de 5,93 enfants par 1000 naissances à 6,26 par 1000 nouveaux-nés, soit un total de 478 décès additionnels entre 2021 et 2023.
Cette augmentation représente une croissance de 6% de la mortalité infantile.
Toujours au dire des spécialistes, la mortalité infantile a connu sa plus forte croissance dans les États du Sud, et a affecté, de façon disproportionnée, les nouveaux-nés noirs, cette population gagnant déjà moins d’argent, ayant reçu moins d’éducation, et ayant moins accès à des soins de santé.
Ainsi, chez les nouveaux-nés noirs, la mortalité infantile a bondi de plus de 10%, révèle l’étude.
De l’avis de la Dre Alyssa Bilinski, il est essentiel d’adopter des mesures sociales visant à contrer cette augmentation inquiétante, notamment en accroissant la portée du programme Medicaid, en offrant des congés de maternité et paternité aux parents, en facilitant l’accès à des services de garde abordables, et en gonflant les montants des crédits d’impôt accordés à la naissance d’un enfant.
Toujours selon la spécialiste, il est nécessaire d’offrir davantage de ressources au personnel médical pour naviguer à travers les écueils législatifs apparus suite à l’adoption des décrets d’interdiction de l’avortement dans les divers États.
Même si la question de l’avortement demeure controversée, juge la Dre Bilinski, « s’assurer d’offrir un soutien suffisant pour les enfants et leur famille devrait être un sujet à propos duquel tous les partis peuvent s’entendre ».