Sommes-nous surpris d’avoir été ébahis par Hamlet, prince du Danemark, un spectacle orchestré par Robert Lepage? Sûrement pas. Mais cela vaut la peine de décortiquer notre étonnement et notre ravissement.
C’est à l’un des plus célèbres textes de théâtre de la langue de Shakespeare… et de Shakespeare lui-même, finalement, que sont attaqués Guillaume Côté (Coté Danse) et Robert Lepage (Ex Machina).
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Hamlet, prince du Danemark! Eh oui. Ce prince nullement intéressé par la royauté, qui aurait bien aimé qu’on le laisse tranquille avec son deuil et ses réflexions sur l’existence. Mais voilà qu’il reçoit la visite de son spectre de père et qu’il apprend de celui-ci qu’il n’est point décédé de mort naturelle mais qu’il a plutôt été empoisonné par l’ambitieux Claudius. Nul n’est besoin de détailler davantage les péripéties de notre héros si l’on a assisté au magnifique ballet dont la première a eu lieu le 13 février dernier, au Théâtre Maisonneuve de la Place de Arts.
Avec pour seuls surtitres, le nom ou le titre des personnes qui arrivent sur scène, le spectateur arrive à suivre l’histoire originale ou à inventer sa propre histoire, tellement la chorégraphie et ses interprètes sont éloquents. La mise en place se fait rapidement, il n’y a aucun temps mort et les changements de scènes et de décors sont d’une efficacité redoutable.
La chorégraphie de Guillaume Côté (Hamlet) nous offre un agréable et très pertinent équilibre entre danse contemporaine et danse classique. Il en va de même avec la musique qui, cependant, a pu être un tantinet agressante à certains moments, surtout que le Théâtre Maisonneuve ne semble pas avoir réglé son problème de volume sonore. Voilà trois fois que nous le mentionnons.
On fait la part belle à chacun et chacune des danseurs à un moment ou à un autre durant le spectacle, ce qui est appréciable pour le spectateur et pas seulement pour les danseurs. Bien entendu, les rôles prédominants ont été confiés à des interprètes qui ont su incarner profondément leurs personnages: Hamlet, bien sûr, mais tout autant la reine, Claudius, Lahertes, Polonius et l’indicible Ophélie.
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Et que dire des effets spectaculaires de Lepage? La technique de l’ombre chinoise, vous connaissez? La voilà quasi réinventée. Les lois de la gravité, ça vous dit quelque chose? On dirait qu’il s’en moque quand il fait s’envoler Ophélie et qu’il la fait flotter dans un tissu ondulant. C’est époustouflant!
Hamlet, prince du Danemark, Théâtre Maisonneuve, jusqu’au 21 février.