Une lacune récurrente dans les décodages de génomes humains, c’est que la recherche a le plus souvent porté sur des groupes de descendance européenne. Une recherche récente sur le Groenland vient de se démarquer pour cette raison.
À partir d’une analyse de 5996 Groenlandais — soit 14% de la population, un échantillon énorme pour ce type de recherche — les chercheurs concluent que le gros des Inuit Groenlandais sont des descendants d’environ 300 personnes qui sont arrivées il y a environ 1000 ans, en passant par les îles qui font aujourd’hui partie du Canada, et qui n’ont pas beaucoup bougé ensuite. Autrement dit, il n’y a pas eu d’autres migrations depuis les îles vers le Groenland, ni de retours en arrière.
Au-delà de l’aspect historique toutefois, ce qui intéresse les chercheurs, c’est l’aspect médical: la prédominance, depuis 25 ans, de recherches génétiques sur des populations européennes ou nord-américaines, a pour conséquence que des maladies génétiques plus rares passent loin des écrans radar — tout comme des mutations qui apparaissent plus souvent dans des petites populations isolées. On connaît également mal la vitesse à laquelle peuvent évoluer des mutations génétiques liées à l’adaptation à un environnement spécifique — dans ce cas-ci, l’Arctique. C’est même un problème pour les compagnies qui promettent de pointer quel pourcentage de vos ancêtres provient de quel pays.
La démarche suivie pour cette recherche pourrait donc inspirer d’autres recherches, ciblant des populations africaines ou bien des communautés autochtones des Amériques ou de l’Australie.
La recherche, signée par des chercheurs du Danemark, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, et du Centre de recherches en santé de l’Université du Groenland à Nuuk, est parue le 12 février dans la revue Nature.