On ignore toujours les motifs derrière la pire fusillade de l’histoire de la Suède, qui a fait au moins 11 morts, y compris le tireur présumé, ainsi que six blessés. Pour un criminologue de l’Université Northeastern, cela prouve tristement que la violence par armes à feu n’est pas l’apanage des États-Unis, mais plutôt un phénomène aux ramifications mondiales.
« Nous avons vu des fusillades de grande ampleur en Russie, en Norvège, au Royaume-Uni, en Allemagne et ailleurs », indique ainsi James Alan Fox, professeur et chercheur spécialisé en criminologie, droit et politiques publiques.
« Aux États-Unis, nous n’avons pas le monopole des tueries de masse, bien que nous en ayons sensiblement plus que notre quota. »
Ainsi, une étude réalisée par le Pr Fox et ses collègues a révélé qu’environ 16% des fusillades de grande ampleur, en ne comptant pas les actes terroristes, avaient eu lieu aux États-Unis. « Nous ne représentons que 5% de la population mondiale. Alors, 16% des fusillades représente environ trois fois notre part proportionnelle », a-t-il indiqué.
Le chercheur doute par ailleurs que les drames se produisant aux États-Unis influencent les tireurs d’autres pays. « Si cela était le cas, nous aurions des fusillades, un peu partout, qui suivraient étroitement les événements se produisant en Amérique », dit-il.
« Je ne verrais pas nécessairement la fusillade, en Suède, comme une copie de ce qui s’est passé ici. »
Selon une enquête conjointe de l’Associated Press, du USA TODAY et de l’Université Northeastern, qui dispose d’une base de données sur les tueries de masse, les États-Unis ont enregistré une baisse de 27% des fusillades comptant au moins quatre morts, en 2024, comparativement à l’année précédente.
« La plus récente tuerie de masse de grande envergure, dans notre pays, s’est produite à Lewiston, dans le Maine, il y a plus d’un an, soutient le Pr Fox, à propos de ce drame qui a fauché 18 vies, en octobre 2023.
Le pire, mais aussi le meilleur ailleurs
De fait, les cinq plus importantes fusillades de l’histoire se sont toutes produites à l’extérieur des États-Unis, soit au Pakisant, au Kenya, en France et en Norvège.
La Norvège, justement, en compagnie de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, fait partie de ces pays qui ont mis en place un contrôle plus strict des armes à feu, à la suite de leur tragédie.
« L’Australie a, en gros, criminalisé la possession privée d’armes à feu », indique le Pr Fox, en faisant référence aux retombées du massacre, en 1996, de 35 personnes à Port Arthur, en Tazmanie, par un assaillant armé d’un fusil semi-automatique.
« Ils ont mis en place un programme national de rachat, et n’ont pas eu de fusillades de grande ampleur depuis des décennies. »
« Mais, poursuit le chercheur, [les États-Unis] ne sont pas l’Australie; nous avons un Deuxième Amendement qui rend l’adoption de règles plus strictes virtuellement impossible. »
En Suède, la fusillade s’est produite malgré des règles strictes en matière d’armes à feu. Bien que la violence liée aux gangs est en augmentation, dans le pays, souligne le Pr Fox, celui-ci affirme que la tragédie est un phénomène isolé, tout en soulignant que le nombre de meurtres par balles, en Suède, est de 0,3 par 100 000 habitants.
En comparaison, le Massachusetts, l’un des États américains les plus sécuritaires en la matière, affiche un taux de 1,6 homicide par 100 000 habitants.
« La Suède est bien moins dangereuse que le Massachusetts », dit le Pr Fox. « Ces événements se produisent ailleurs, mais pas avec la même ampleur qu’ils se produisent ici. »