Des infections de grippe aviaire ont été transmises de l’humain à des chats et vice-versa. Mais l’élément le plus étrange de cette information est qu’elle est brièvement apparue sur le site du Centre de contrôle des maladies, pour être tout aussi vite retirée — le CDC faisant toujours l’objet d’une interdiction de communiquer par la nouvelle administration Trump.
Ce sont deux journalistes scientifiques du New York Times qui ont pu déduire cette information à partir d’un tableau des infections brièvement apparu dans une infolettre, Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR), publiée le mercredi 5 février.
Cette infolettre, qui existe depuis 60 ans et s’adresse aux hôpitaux, médecins et autres professionnels de la santé des quatre coins du pays, était suspendue depuis deux semaines, à l’instar de l’ensemble des « communications externes » des agences de santé des États-Unis, à la demande de la Maison-Blanche.
Réapparue mercredi, elle contenait deux rapports sur la qualité de l’air après les feux à Los Angeles, mais elle contenait aussi ce tableau des infections, qui a été rapidement retiré. Selon le Washington Post, ce tableau serait lié à trois rapports sur ces infections, qui auraient été sur le point d’être publiés le 21 janvier, lorsqu’est survenu l’ordre de suspendre toutes les communications.
Une information que l’on tait cesse-t-elle d’exister?
La suspension de MMMR s’inscrit en effet dans des suspensions plus générales, touchant l’ensemble des agences gouvernementales — pas seulement en santé — et qui visent entre autres à les nettoyer de « mots interdits » qui ne correspondraient pas aux directives du président.
Selon l’information sur la grippe aviaire qui a donc pu être obtenue par inadvertance, dans une première résidence, un chat porteur du virus H5N1 —le virus responsable de la grippe aviaire— l’aurait transmise à l’autre chat de la maison qui l’aurait transmise à un adolescent.
Le premier chat est mort quatre jours plus tard. Dans une deuxième résidence, un travailleur agricole — la grippe aviaire a frappé depuis l’an dernier un nombre indéterminé d’élevages bovins — aurait transmis la grippe aviaire à son chat, qui est mort trois jours plus tard. Les informations sont anonymisées, mais on croit comprendre que les deux résidences ont un lien entre elles.
Les experts savent depuis des mois que les chats sont susceptibles d’être infectés par le H5N1 — virus qui, depuis quelques années, se répand chez de plus en plus de mammifères. Mais il n’y avait pas eu jusqu’ici de confirmation d’une transmission d’un chat à un humain.
D’après les réactions recueillies par le Times et d’autres médias, ce qui inquiète les experts depuis mercredi, c’est bien davantage que de telles informations soient retenues pour des motifs purement politiques.
En effet, depuis deux semaines, différents rapports ont fait état de subventions pour des recherches qui sont mises sur la glace, de recherches en cours de publication qui doivent être relues, de rencontres scientifiques qui sont annulées, et de milliers de pages web qui sont retirées, pour qu’on s’assure qu’on n’y trouve pas de mots comme « LGBTQ », « diversité » ou « genre », pour carrément retirer des informations sur les changements climatiques, ou bien pour des motifs qui ne sont pas clarifiés.
Bien que des chats puissent être infectés si, à l’instar d’autres prédateurs ces dernières années, ils ont pu attraper un oiseau qui était lui-même infecté, ce sont des chats morts dans des fermes qui ont été, aux États-Unis l’an dernier, les premiers signaux d’alarme comme quoi des bovins avaient à leur tour été infectés par le H5N1. Depuis, on recense près de 70 cas chez des humains, presque tous des travailleurs agricoles. Un seul a été mortel.