Moins d’un internaute québécois sur deux se dit en mesure de reconnaître aisément un contenu produit par un outil d’intelligence artificielle. Pourtant, ils sont nombreux à utiliser ChatGPT, Stable Diffusion et autres services du même genre sur une base régulière, voire parfois au moins une fois par mois.
Voilà ce qui ressort d’un récent rapport de l’Académie de transformation numérique (ATN), qui s’est penchée sur la popularité des outils dits d’IA générative, au Québec, et les tednances qui y sont associées.
Ainsi, un internaute québécois sur trois se serait déjà tourné vers l’un de ces services; et parmi ceux-ci, environ les deux tiers y ont recours au moins une fois tous les 30 jours.
Toujours selon le rapport, ces IA génératives serviraient d’abord pour des besoins personnels. L’aide à l’accomplissement de tâches liées au travail vient ensuite, et loin derrière, on trouve les travaux scolaires.
Et cette popularité ne se dément pas, même si la quasi totalité des personnes connaissant l’existence de tels services éprouve au moins une crainte par rapport à ceux-ci, notamment les dangers de propagation de fausses nouvelles, la réduction de compétences comme le jugement ou la pensée critique, des risques liés à la protection des données personnelles, ou encore la possibilité que ces outils ne soient employés pour « reproduire ou amplifier des biais déjà présents sur internet ».
Dans le cadre de cette question permettant d’indiquer plus d’une réponse, les participants ont aussi mentionné leur inquiétude par rapport aux enjeux éthiques liés à l’IA, surtout les outils génératifs, qui « siphonnent » le web, sans attribuer le crédit aux créateurs, et intègrent des oeuvres déjà existantes dans leur algorithme.
À travers ces sources de stress par rapport à l’IA, on constate aussi, données de l’enquête à l’appui, que les Québécois ne savent pas grand-chose à propos de ces outils de création. Ainsi, à peine 1 internaute sur 10 dit posséder « une forte littératie » dans le domaine, soit des connaissances particulièrement développées.
Sans trop de surprises, ce sont les personnes ayant obtenu un diplôme universitaire qui jugent être les plus aptes à s’orienter dans ce vaste milieu aux contours flous. Et ce sont ces personnes les plus calées qui disent craindre le plus l’IA, indique encore le rapport.
« On peut extrapoler que celles et ceux qui ont une plus forte compréhension des systèmes d’IA suivent également de façon plus attentive le débat public autour de cet outil technologique », déclare ainsi Christian Gagné, professeur titulaire à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval, dans le document.
Malgré cette incertitude, les Québécois se tournent vers l’IA générative, principalement pour « obtenir rapidement des réponses à des questions », ou encore « gagner du temps pour analyser et synthétiser des données », entre autres raisons.
Mais même les plus passionnés par cet ensemble de technologies sont réticents à délier les cordons de la bourse, y compris pour avoir accès à des modèles jugés plus puissants: seulement 18% des personnes interrogées se disent prêtes à payer pour ce type de service numérique.
Chez les sceptiques, les avis sont clairs: l’IA « n’est pas nécessaire », on préfère interagir avec des humains plutôt qu’avec des machines, ces services « ne suscitent pas d’intérêt », ou encore: on ne souhaite pas « partager de renseignements personnels avec ces outils ».
Des emplois protégés?
Serons-nous tous condamnés au chômage, remplacés par des robots? À peine 16% des Québécois sondés disent craindre de perdre leur emploi. À l’opposé, 41% estiment que leur travail est protégé contre les avancées de l’IA. Entre les deux, 26% des participants croient, eux, qu’ils pourraient gagner en efficacité en ayant recours à ce type d’outil.
De l’autre côté de l’Atlantique, indique le rapport, une enquête IFOP souligne que 57% des internautes français estiment que l’IA générative n’est rien de moins qu’une « révolution industrielle » et que « les métiers seront transformés en profondeur ».