Un Prince, de Machiavel, mais qui se déroule dans un futur lointain, où la propriétaire de Dollorama tente de prendre le contrôle de la galaxie? Pourquoi pas! Sur les planches du Théâtre Denise-Pelletier, le célèbre ouvrage mêlant politique et ambition se trouve non seulement adapté, mais aussi profondément transformé, pour y injecter à la fois une bonne dose de science-fiction, mais aussi d’humour absurde.
Dans l’avenir, donc, la Terre est un champ de ruines peuplé par des humains presque revenus à l’Âge de pierre, et les cieux sont occupés par de gigantesques vaisseaux-entreprises, dont celui de la célèbre chaîne d’articles à bas prix.
Et c’est justement la patronne de Dollorama qui voudra mettre la main sur les « Midi-Six », soit Le Prince (et non pas l’artiste anciennement connu sous le nom de…) et son père, Lorrenzo, mort mais revenu sous la forme d’un bio-hologramme. Aux côtés de Nicole, ladite patronne, on trouve le sournois et calculateur Mike… Yavel, qui fera honneur à son homonyme et se mettra à comploter à qui mieux mieux.
En ce sens, les deux auteurs du texte, Olivier Morin et Guillaume Tremblay, s’appuient certainement sur des bases littéraires plus que centenaires pour s’inspirer. De là à dire qu’ils adaptent fidèlement le matériel d’origine, il y a non seulement un pas, mais plutôt un canyon.
Rapidement, on comprendra que l’objectif est de faire feu de tout bois, multipliant les gags, les sous-entendus et les références sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle.
Il faut reconnaître que la méthode fonctionne, du moins pendant un temps: on s’amuse bien devant l’énormité de la proposition, devant ces mascottes velues et aux couleurs barriolées qui surgissent ici et là, et certainement devant Stéphane Crête, l’interprète de Lorrenzo, qui semble clairement avoir beaucoup de plaisir à gesticuler ici et là, avec une perruque sur la tête et une drôle de moustache dans le visage.
Mais la formule étant basée sur une gradation de l’absurde et de la rigolade à tout prix, on parvient éventuellement à un moment, dans la pièce, où l’on se rend compte que la chose n’est plus très drôle. Au contraire, on se demandera un peu ce que nous sommes venus faire dans cette galère.
Il n’y a rien de fondamentalement mauvais, dans Le Prince. Au contraire, l’oeuvre apporte une bonne dose de rigolade dans un contexte où tout semble aller terriblement mal. Mais au-delà du rire, au-delà des gags des fois franchement étranges, on se demande ce qu’il reste…
Le Prince, d’Olivier Morin et Guillaume Tremblay
Avec Ann-Catherine Choquette, Stéphane Crête, Marie-Claude Guérin, Olivier Morin et Guillaume Tremblay
Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 22 février 2025