La première attaque terroriste retransmise en direct à la télévision: ainsi décrit-on la prise en otage, par des commandos palestiniens, de la délégation israélienne aux Jeux olympiques de Munich, en 1972. Et le film September 5, qui vient d’avoir droit à une plus vaste sortie en salles, raconte justement l’histoire de ces journalistes confrontés à l’inimaginable.
Réalisé et coscénarisé par Tim Fehlbaum, qui signe ici son quatrième long-métrage – et certainement le plus connu à ce jour –, September 5 sort au moment où l’histoire semble se répéter. Le conflit israélo-palestinien n’a jamais pris fin, après tout, et l’attaque de Munich n’est hélas qu’un exemple parmi une longue série d’attentats, ripostes et autres affrontements qui a culminé, pour l’instant, avec la destruction généralisée dans la bande de Gaza.
Et donc, nous voilà en 1972, seulement 27 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale et de son Holocauste. Il s’agit, dans bien des cas, d’un premier retour en sol allemand pour des juifs, entretemps devenus Israéliens. Il s’agit aussi, pour l’Allemagne de l’Ouest, d’une occasion de démontrer que les horreurs nazies appartiennent au passé.
Bien entendu, l’histoire leur donnera tort, et le spectre de la violence antisémite prendra une forme tout à fait réelle avec cette prise d’otages qui se terminera avec la mort de presque tous les athlètes et entraîneurs israéliens.
Notre angle, cette fois, est celui de la petite équipe de journalistes d’ABC, envoyés couvrir les Jeux, et qui devront, soudainement, filmer, diffuser et commenter l’histoire en train de s’écrire en lettres de sang. Pour ces employés habitués de s’occuper de compétitions sportives, il faudra faire preuve d’une initiative et d’une imagination stupéfiantes.
Non pas que ces membres de l’équipe d’ABC soient incompétents, bien au contraire; rapidement, on trouvera des façons de s’adapter et de faire circuler l’information.
Une autre façon de faire
Mais ce qui surprend, comparativement à notre ère, où les communications sont instantanées, et où les méthodes de diffusion disponibles son très nombreuses, c’est l’ingéniosité dont les journalistes ont dû faire preuve pour accomplir leur travail. Nous sommes au début des années 1970, après tout, et cela implique donc, entre autres solutions ingénieuses, de relier, en soudant, un téléphone et un récepteur pour permettre de diffuser une conversation en direct. Ou encore de coller des rubans de pellicule au corps d’un employé, avant de le déguiser et de le faire passer pour un athlète et ainsi pouvoir entrer dans le village olympique…
Pour les amateurs d’histoire, mais surtout pour les passionnés de journalisme, il est fascinant d’avoir accès à ces coulisses de la production d’informations. Y compris à ces questionnements à savoir s’il est éthiquement souhaitable de montrer en direct, possiblement, un otage se faire exécuter. Ou que fait-on si l’on filme une opération policière et que les terroristes ont accès à nos images?
Bien entendu, on peut se douter que la chose est résumée, que les aspects les plus ennuyants du travail journalistique ont été gommés – notamment l’attente, bien sûr.
Mais tout cela est-il suffisant pour faire un bon film? Veut-on quelque chose aux allures de documentaire, ou un drame où les émotions sont davantage à fleur de peau? Impossible de connaître la réponse à ces questions. Et il est clair que ceux et celles qui cherchent quelque chose de plus sanguin pourraient se tourner vers Munich, justement.
Exercice de style franchement intéressant, surtout pour les cinéphiles qui s’intéressent au monde des médias, mais aussi un rappel de la fragilité des relations internationales et de l’apparente impossibilité de parvenir à la paix, au Proche-Orient, September 5 vaut assurément la peine d’être vu.