De l’aide pourtant essentielle bloquée, voire détruite par des Israéliens en colère: une nouvelle enquête, à laquelle ont notamment participé des organisations telles qu’Oxfam et Médecins du monde, révèle les entraves quasi systématiques imposées par l’État hébreu lorsque vient le temps de tenter d’améliorer l’ordinaire des habitants de Gaza, après plus d’un an de guerre.
« Israël a systématiquement refusé et restreint l’aide, les fournitures et les services humanitaires dans la bande de Gaza », lit-on dans le communiqué accompagnant l’enquête.
En ce sens, l’État hébreu n’aurait aucunement respecté la décision de la Cour internationale de justice (CIJ), rendue en janvier 2024, qui lui « enjoignait de prendre des mesures immédiates » pour protéger les civils à Gaza, dont le nombre dépasse les deux millions de personnes.
Une récente étude a d’ailleurs indiqué que l’espérance de vie à Gaza a été réduite d’environ la moitié, de 75,5 ans à 40,5 ans, durant la période allant d’octobre 2023, soit la reprise des combats entre Israël et le Hamas, et septembre 2024.
Les auteurs de cette étude soulignaient toutefois ne pas avoir tenu compte de la difficulté de l’accès à des denrées alimentaires et à des soins médicaux de base dans leurs calculs, deux aspects de la vie à Gaza forcément affectés par ce blocage de l’aide humanitaire.
Des méthodes inefficaces et insuffisantes
Le nouveau rapport, diffusé notamment par Oxfam, indique ainsi que l’ensemble des organisations humanitaires interrogées ont rapporté que les procédures mises en place par Israël, aux points de passage à Gaza, « étaient soit inefficaces et avaient systématiquement entravé l’action humanitaire, soit insuffisantes pour répondre aux besoins de la population ».
On y déplore aussi que les mesures adoptées par le gouvernement Nétanyahou pour encadrer la distribution d’aide humanitaire s’étaient durcies après la décision de la CIJ.
Bâches, matériel de préparation à l’hiver, cuisines mobiles, trousses d’hygiène, matériel pédagogique, nourriture… La livraison de tous ces articles a été très largement entravée par Israël, dénoncent encore les organisations humanitaires.
« Compte tenu du volume d’aide qui entre maintenant dans Gaza, on voit clairement à quel point Israël a entravé l’action humanitaire au cours des 15 derniers mois. Comme le montre l’enquête, Israël n’a absolument pas amélioré les conditions humanitaires dans la zone, au mépris du droit international, tout en empêchant systématiquement l’entrée d’une aide pourtant vitale », souligne de son côté Bushra Khalidi, responsable des politiques pour Oxfam en Territoire palestinien occupé.
Ce dernier appelle Israël à sortir de « ces mêmes cycles d’impunité et de négligence », maintenant que le cessez-le-feu est en vigueur. Sans quoi, dit-il, la situation risque de se répéter.
De son côté, Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, estime que « les prochaines semaines d’annoncent décisives, mais difficiles », maintenant que l’aide humanitaire commence enfin à pouvoir entrer dans la bande de Gaza.
Enfin, les organisations humanitaires « soulignent que certains États continuent de fournir des armes et un soutien au gouvernement israélien, tout en s’abstenant de dénoncer les atteintes aux droits de la population palestinienne ou de prendre des mesures significatives pour les empêcher », peut-on lire par voie de communiqué.