La vitesse à laquelle se réchauffent en ce moment les océans signale possiblement une accélération du réchauffement du reste de la planète.
Les signaux que surveillaient depuis des années les experts étaient ambigus, mais les records commencent à être trop nombreux pour refléter de simples variations naturelles, disent-ils.
L’ambiguïté avec les océans est qu’ils peuvent absorber de la chaleur dans les profondeurs sans nécessairement que cela ait un impact sur les courants atmosphériques qui passent au-dessus. Mais dans une étude récemment publiée dans la revue Environmental Research Letters, trois chercheurs britanniques du Centre national d’observation de la Terre écrivent que le « taux de réchauffement » des océans a plus que quadruplé depuis 1985. La température moyenne des océans a atteint un niveau record pendant 450 jours consécutifs de 2023 et 2024, avec des conséquences mesurables sur la vie marine dans plusieurs endroits.
Une partie s’expliquait — tout comme les records de 2023 et 2024 sur la terre ferme — par El Niño, mais environ la moitié provenait de l’excédent de chaleur absorbé par les océans, écrivent les chercheurs britanniques.
Dans le jargon des sciences de la Terre, c’est une référence à ce qu’on appelle le déséquilibre énergétique (en anglais, energy imbalance). C’est-à-dire le déséquilibre entre la chaleur du Soleil qui entre dans notre atmosphère et celle qui en ressort. Plus les gaz à effet de serre empêchent une partie de ressortir, plus il y a déséquilibre. Comme une partie de ce surplus s’accumule dans les profondeurs des océans, cela ralentissait jusqu’ici les effets du déséquilibre. Mais les données semblent indiquer que les profondeurs des océans ont en quelque sorte dépassé leur seuil de saturation: le déséquilibre aurait à peu près doublé depuis 2010.
En extrapolant, le professeur d’océanographie Chris Merchant et ses collègues prédisent que ce taux de réchauffement va continuer d’augmenter rapidement dans les prochaines décennies, ce qui se traduirait par autant de réchauffement planétaire dans les 20 prochaines années que dans les 40 années précédentes.