Une éclosion de tuberculose est en cours au Kansas depuis quelques mois. Mais si l’embargo sur les communications en santé du gouvernement américain se prolonge, vous pourriez ne plus en entendre parler.
Au dernier décompte, le 24 janvier, la région de la métropole, Kansas City, comptait 67 cas actifs de tuberculose; 79 autres cas de tuberculose dite « inactive » ont été documentés depuis cet automne. Deux décès ont été associés en 2024 à cette éclosion. À travers l’ensemble du Kansas en 2024, on parle de 109 cas actifs, contre 51 en 2023. La différence entre les cas « actifs » et « inactifs » réside dans les symptômes: les premiers provoquent de la toux — dans les cas extrêmes, les malades crachent du sang — des douleurs à la poitrine et différents malaises. Les cas « inactifs » n’ont pas de symptômes mais peuvent transmettre la bactérie.
Il s’agit en apparence de petits nombres, mais c’est la plus grosse éclosion de tuberculose de l’histoire de cet État du centre du continent, depuis que de telles données sont récoltées, et l’une des plus grosses aux États-Unis. La tuberculose est une maladie qu’on peut depuis longtemps traiter avec des antibiotiques, pour autant qu’elle soit diagnostiquée assez tôt. Entre 2019 et 2021, le Kansas recensait une quarantaine de cas par année.
Selon le quotidien local Topeka Capital-Journal, qui citait le 24 janvier la porte-parole du ministère de la Santé du Kansas, « cette épidémie est toujours en développement, ce qui veut dire qu’il pourrait y avoir plus de cas. Il y a quelques autres États qui ont en ce moment des éclosions qui sont aussi en développement. »
De fait, cette hausse s’inscrit dans un contexte national: le CDC rapportait 9633 cas de tuberculose aux États-Unis en 2023, en hausse de 15% par rapport à 2022.
Or, le 21 janvier, on apprenait que la nouvelle administration, à Washington, avait décidé de suspendre toutes les « communications externes » des agences fédérales de la santé (courriels, infolettres, sites web, conférences scientifiques, etc.). Cette décision n’a pas fait l’objet d’un décret signé par le nouveau président: les administrateurs des agences fédérales en question, comme le NIH (National Institutes of Health) ou le CDC (Centre de contrôle des maladies) l’ont plutôt appris par des communications internes.
À travers le monde, la tuberculose a tué près de 1,25 million de personnes en 2023, dont 95% dans les pays en voie de développement. Cela en a fait cette année-là la première cause de mortalité causée par une maladie infectieuse, surpassant la COVID pour la première fois depuis le début de la pandémie. Là aussi, la nouvelle administration à Washington pourrait avoir un impact: en annonçant la semaine dernière la suspension de l’aide étrangère, elle se trouve à bloquer les budgets de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qui gère un budget de lutte contre la tuberculose.