Plus de 4 Canadiens sur 10 sont « hautement susceptibles » de croire à de la désinformation en santé, et trois autres sont « modérément susceptibles », selon une enquête commandée par l’Association médicale canadienne.
L’enquête, 2025 Health and Media Tracking Survey, a voulu mesurer si les répondants pouvaient identifier des informations fausses ou trompeuses parmi une liste de plusieurs affirmations reliées à la santé. Elle a été menée auprès de 3727 personnes entre les 12 et 17 novembre et réalisée par la firme Abacus Data. La marge d’erreur est estimée à 2%.
C’est la deuxième enquête du genre et, comme la précédente avait été tenue un an plus tôt, cela permet une comparaison : il se pourrait qu’il y ait une croissance du nombre de Canadiens qui ont été confrontés à de la désinformation en ligne.
Mais qu’il y ait croissance ou non, le problème central, pour l’Association médicale, est que la désinformation a des conséquences mesurables sur la santé publique: 35% des personnes interrogées ont dit qu’elles avaient évité un traitement pourtant réputé efficace, à cause de fausses informations. Il y a un an, c’était 29%.
Par ailleurs, 37% des Canadiens ont jugé qu’un manque d’accès aux soins de santé les avait conduits à tenter des conseils médicaux découverts en ligne, et 31% ont carrément accepté des conseils médicaux d’une personne en ligne, plutôt que d’un médecin. Un sur quatre (23%) a rapporté des effets secondaires ou un impact négatif sur sa santé associé à des conseils de santé trouvés en ligne.
À l’inverse pourtant, 80% des Canadiens continuent d’attribuer un haut niveau de confiance aux médecins et aux autres professionnels de la santé.
La désinformation est une « menace » à la façon dont, comme société, nous allons affronter la prochaine crise sanitaire, a déclaré la Dr Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, au cours d’une conférence organisée le 23 janvier à Toronto pour souligner la publication de l’enquête. Je crains que ce serait « plus difficile maintenant que ça ne l’était au début de 2020 ».
Certes, si les réseaux sociaux étaient légalement responsables de ce qu’ils publient, cela pourrait faire une différence. Mais le fait est qu’une partie de la solution est entre les mains des Canadiens eux-mêmes, ajoute le journaliste canadien Craig Silverman — qui étudiait les « fake news » avant que le terme ne soit popularisé. « La réalité, c’est que vous faites des choix sur ce que vous consommez [comme informations] et aussi ce que vous amplifiez. » En clair, cela signifie pour lui que chacun devrait être davantage conscient que chaque action sur son réseau social préféré — aimer, partager, écouter une vidéo — oriente l’algorithme à pousser certains contenus plutôt que d’autres et ce, peu importe que ces contenus soient vrais ou faux.