On parle beaucoup, depuis trois ans, de la grippe aviaire et du risque qu’elle réussisse éventuellement à se transmettre entre humains. Les éleveurs viennent d’ajouter un risque dont on parle moins souvent: cette grippe va contribuer à hausser le prix des oeufs.
À travers les États-Unis, depuis 2022, la grippe aviaire H5N1 avait infecté ou tué plus de 136 millions d’oiseaux et de volatiles, selon une compilation du ministère de l’Agriculture. Mais la présence du virus dans les élevages de volailles s’est intensifiée dans le dernier trimestre de 2024: plus de 30 millions de ces animaux ont été euthanasiés pour éviter la propagation de la maladie, et c’est ce qui commence à avoir un effet sur les étagères, ont noté certains médias depuis deux semaines.
30 millions, cela représente environ 10% des capacités de ponte sur le territoire américain, révèle vendredi le New York Times. « Il pourrait s’écouler des mois avant que les réserves de volailles pondeuses retournent à leurs niveaux normaux, d’environ 318 millions. » Les supermarchés et les restaurants paient à présent un prix record de 7$ pour une douzaine d’oeufs — contre 2,25$ l’automne dernier, selon la firme Expana, qui effectue le suivi des prix des oeufs.
Ironiquement, le prix des oeufs avait été un des enjeux de la campagne électorale américaine en 2024 : chez les républicains, qui prétendaient que l’inflation était incontrôlable (en réalité, après un sommet post-pandémique de 9% à l’été 2022, elle était à moins de 3% en 2024), l’exemple du panier d’épicerie, dont les oeufs, était ce qui revenait le plus souvent.
Et il est même possible qu’on n’ait encore rien vu, les prix des oeufs et du lait étant souvent ceux pour lesquels les épiciers sont prêts à assumer une perte, dans le but d’attirer un plus grand nombre de clients en magasin. Mais ils ne pourront pas assumer longtemps un écart aussi grand avec le prix réel.
Cette semaine, l’Union des producteurs d’oeufs a lancé une alerte aux élus de Washington, réclamant une « stratégie nationale pour combattre la grippe aviaire ». Une demande qui arrive toutefois au moment où la nouvelle administration a mis le frein sur les communications des agences de santé, et où on attend de connaître ses intentions quant à ce qui sera coupé dans la fonction publique.
Il existe des vaccins pour la volaille contre le H5N1, mais dans une note publiée le 8 janvier, le département de l’Agriculture rappelait qu’aucun ne peut garantir une efficacité satisfaisante contre la souche du H5N1 qui sévit actuellement dans les élevages.