Les partis politiques identifiés à la « droite radicale populiste » dans 26 pays sont beaucoup plus susceptibles de répandre des mensonges que leurs opposants. Et cette stratégie semble avoir révélé son efficacité, écrivent les chercheurs qui viennent de publier une analyse.
Ceux-ci définissent « populisme » comme « une approche politique qui divise la société entre « le peuple pur » et « l’élite corrompue ». Dans une telle définition, ce n’est donc pas une caractéristique de la droite: il existe aussi un populisme de gauche qui décrit la société de la même façon.
Mais même avec cette définition « commune », c’est la droite qui se distingue, et de beaucoup, par une quantité plus élevée de fausses nouvelles et de désinformation. Les deux chercheurs, Petter Törnberg et Juliana Chueri, de l’Université d’Amsterdam, aux Pays-Bas, ont analysé 32 millions de messages publiés sur Twitter entre 2017 et 2022, par 8200 élus de tous les partis politiques, dans 26 pays. De toutes les variables qui, écrivent-ils, pourraient influencer la montée de la désinformation dans un groupe d’individus, un pays ou une période, c’est l’affiliation politique qui est la plus forte.
L’analyse s’arrête de plus l’année où Elon Musk a acquis Twitter, ce qui pourrait vouloir dire que les conclusions soient aujourd’hui en-dessous de la réalité: de nombreuses analyses ont en effet pointé une augmentation des propos haineux sur sa plateforme depuis 2022.
Ce n’est pas un mystère que la montée de la désinformation peut être vue comme un danger pour les démocraties: qu’elle soit de gauche ou de droite, son succès va souvent de pair avec une méfiance dans les institutions. Mais la droite radicale, constatent les chercheurs, amène cette méfiance à un niveau extrême.
Ironiquement, la recherche pointe aussi que les partisans de cette droite radicale se croient souvent mieux informés que le reste de la population, même quand on peut déterminer qu’ils ont partagé de la fausse information. Ils sont plus susceptibles de croire en de la désinformation qui correspond à leurs croyances, ce qui crée un effet de renforcement: la désinformation nourrit la méfiance dans les institutions, qui en retour amplifie l’efficacité des fausses informations.
Et les algorithmes des réseaux sociaux en ajoutent une couche, en donnant la priorité aux messages qui suscitent de « l’engagement » plutôt qu’aux informations vérifiées. « Il semble y avoir une relation symbiotique entre ces populistes » et le modèle des médias ou des comptes qui fonctionnent par le clic, lit-on dans la recherche. « L’économie de l’attention » qui est derrière les plateformes de réseaux sociaux, repose sur des contenus qui attirent et retiennent l’attention, attention mesurée en « j’aime » et en « partage ». Et « la droite radicale populiste a été efficace dans sa création et son utilisation d’un écosystème de médias alternatifs qui amplifient ses points de vue ». Écosystème qui travaille dans le but avoué de « miner la légitimité des institutions et de déstabiliser les gouvernements et les élections ».