Est-ce un triste retour du balancier? Une nouvelle étude porte à croire que les pays ayant des engagements climatiques et environnementaux plus stricts – sans égard à leur dépendance au pétrole ou à d’autres intérêts économiques – sont plus à risque de voir se développer des mouvements climatosceptiques en leur sein.
Les travaux, réalisés par Jared Furuta et Patricia Bromley, de l’Université Stanford, sont publiés dans PLOS One.
De précédentes recherches avaient déjà souligné à quel point l’industrie des combustibles fossiles et les groupes de réflexion et philanthropes conservateurs avaient alimenté le climatoscepticisme, aux États-Unis, afin de renforcer leurs intérêts économiques et politiques.
Cependant, au cours des dernières décennies, ce mouvement opposé à la protection du climat s’est répandu à l’échelle mondiale, et comprend maintenant quantité d’organisations qui ne s’appuient pas directement sur des questions de ce genre.
Pour mieux déterminer les facteurs influençant ce mouvement opposé à la lutte contre la crise climatique, les deux chercheurs ont mené une analyse statistique de données provenant de plus de 160 pays et de centaines d’organisations climatosceptiques.
Selon eux, ces organisations ont davantage de chances d’apparaître dans des pays qui sont déjà plus fortement engagés dans la lutte contre la pollution et la transformation de notre climat.
Les deux spécialistes ont aussi constaté que plusieurs facteurs, outre les émissions de gaz à effet de serre, ou la dépendance envers les combustibles fossiles, n’ont pas d’impact marqué sur le développement de ce mouvement.
Entre autres facteurs mis de côté, on trouve ainsi le niveau de développement économique, les inégalités salariales, les relations avec les États-Unis, ou encore l’idéologie du parti au pouvoir.
Qu’est-ce qui déclenche un tel mouvement d’opposition, alors? Il s’agit d’un réflexe réactionnaire, affirment les deux auteurs de l’étude, qui s’inscrit dans le contexte de l’évolution des efforts pro-environnement.
En s’appuyant sur leurs conclusions, les deux spécialistes suggèrent plusieurs approches pour aider les décideurs politiques à mieux structurer leurs efforts pour sauver la planète. Ils recommandent ainsi que ces élus cherchent à déterminer comment leurs plans verts pourraient déclencher de tels courants réactionnaires, et ajustent leurs démarches de façon à contrer ce phénomène.
« Plus de 50 pays, dans le monde, comptent maintenant au moins une organisation anti-climat: ce sont des institutions sans but lucratif qui veulent torpiller la science et les mouvements de lutte contre la crise climatique », déplorent les chercheurs.
« Ces organisations sont actives depuis belle lurette aux États-Unis, mais depuis quelques années, elles ont évolué pour former un mouvement mondial. »