On ne s’étonne plus d’entendre que le réchauffement augmente les risques de sécheresses. Ce qu’on avait peut-être sous-estimé, c’était que les sécheresses les plus intenses deviendraient… encore plus intenses.
Dans une recherche parue le 16 janvier dans la revue Science, des chercheurs de l’Institut fédéral des forêts, en Suisse, estiment que ces sécheresses les plus sévères, qui s’étendent sur plus d’une année — appelées « méga-sécheresses » — sont devenues, depuis les années 1980, plus chaudes, plus longues et plus sèches. C’est-à-dire que les précipitations, qui étaient déjà maigres, le sont devenues encore plus.
L’équipe s’est penchée sur 13 000 sécheresses de deux ans ou plus survenues entre 1980 et 2018. Si on ne retient que les 500 plus sévères, les régions touchées pendant ces 18 années s’accroissaient de 50 000 kilomètres carrés par année — c’est davantage que la superficie de la Suisse.
Parmi les régions où les dégâts sont les mieux documentés: l’ouest des États-Unis et le sud-est de l’Australie. Les prairies sont les plus affectées, tandis que les forêts boréales et tropicales sont en partie épargnées.
Cette « expansion » se mesure, par la force des choses, en dommages du côté de l’agriculture et des écosystèmes. Les chercheurs donnent l’exemple du Chili, où la méga-sécheresse qui sévit depuis maintenant 15 ans — la plus longue en un millier d’années — a pratiquement réduit à néant les réserves d’eau destinées à l’agriculture et aux opérations minières.
L’étude note aussi que les méga-sécheresses ont moins attiré l’attention de la recherche scientifique ces deux dernières décennies, sans doute parce que leurs dommages sont moins immédiatement visibles. Au contraire de ceux causés par les inondations: ces dernières nécessitent chaque fois une réaction urgente, et les gouvernements sont en attente d’outils pour réagir la prochaine fois. Or, ils vont tout autant avoir besoin d’outils pour se préparer à l’expansion de ces méga-sécheresses, concluent les chercheurs.