La Salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal était comble, dimanche après-midi, pour la prestation de l’ensemble Arion Baroque et de ses invités réunis autour du thème du fameux Café Zimmermann de Leipzig.
Après des préparations qui ont duré près de sept années, se sont enfin trouvés réunis Arion et ses invités de prestige: Céline Frisch, clavecin et Pablo Valetti, violon. Ce dernier est le fondateur de l’ensemble Café Zimmerman et c’est autour de ce qui se passait entre les murs de ce célèbre endroit que fut concocté le programme de dimanche dernier.
Malgré qu’on n’eût retrouvé aucun programme imprimé qui fut donné au Café, les historiens de la musique peuvent affirmer que s’y retrouvaient plusieurs têtes pensantes de la musique du début du 18e siècle. Parmi celles-ci, mentionnons celles dont les œuvres ont charmé nos oreilles à la Salle Bourgie : Johann Friedrich Fasch, Georg Philipp Telemann, Wilhelm Friedemann Bach, Carl Philipp Emanuel Bach et le papa de ces deux-là, Johann Sebastian Bach. Et voilà, la table est mise.
Pour débuter ce riche programme, l’Ouverture, tirée de la Suite en ré mineur, FaWV K : d4, de Fasch, dans laquelle les premiers violons, les seconds violons et les altos se répondent dans un très joli dialogue. Notons ici l’apparition des quelques mesures qui ressemblent fort à un passage de Toccata et fugue en ré mineur de JSB. Entre confrères, impossible de ne pas s’influencer!
Une interprétation personnelle
Poursuivons avec Fasch et son Concerto pour basson en do majeur, FaWV L :C2. Notons ici que c’est le directeur artistique d’Arion qui est le basson solo et qu’il a eu tout le loisir de démontrer sa virtuosité, particulièrement dans les deux allegros. Le largo était dramatique à souhait, surtout grâce à la partition des cordes.
Vient ensuite l’ami Telemann avec son Concerto en do majeur « a la Francese » pour hautbois et basson, TWV 53 :C1. Voilà une œuvre complète et complexe qui met magnifiquement en valeur les solistes avec une sonorité riche et pure. Les hautbois Matthew Jennejohn et Karim Nasr, et le basson Mathieu Lussier ont fait belle figure avec cette partition entraînante et ses clins d’œil à la musique médiévale.
C’est le très célèbre et peut-être le plus beau des concertos pour violon de JSB, le BWV 1041, qui a été proposé à l’archet de Pablo Valetti qui a su particulièrement personnaliser son interprétation. Avec un son plus lisse que ce qu’on attend habituellement des instruments anciens, et des accents parfois surprenants, Valetti a su revisiter cette œuvre, et ce fut un cadeau pour l’auditoire.
Le reste du programme a appartenu aux jeunots : les fils de Bach. Avec sa Sinfonia en fa majeur, F. 67, Wilhelm Friedemann Bach, vient casser la baraque. Ça dérange, ça secoue, c’est moderne, c’est très intéressant et c’est surtout très beau. On imagine facilement le plaisir que les musiciens ont eu à s’approprier cette œuvre et surtout à la jouer. La musique était expressive que, par moments, on se serait cru dans Pierre et le loup.
Et pour terminer le programme en beauté, Céline Frisch et l’ensemble nous ont livré une très belle version du Concerto pour clavecin en la majeur, Wq 29, H.437, de Carl Philipp Emanuel Bach. Les solos de clavecin de cette œuvre sont à chaque fois une surprise. Là aussi, on retrouve des accents de modernité et même des influences de musique orientale.
S’il fallait autre chose pour prouver la grande forme de l’ensemble Arion ce jour-là, ajoutons simplement que la Bourrée en do majeur de JSB donnée en rappel, était jouée à un rythme effréné, avec passion et sans anicroche.