Une recherche sur le passé de l’île de Florès, en Indonésie, apporte un éclairage intrigant sur le sort des « Hobbits » — des humains de petite taille qui ont jadis peuplé cette île. Ils sont peut-être disparus il y a plus longtemps qu’on ne le croyait, à cause de la sécheresse.
Homo floresiensis est un mystère depuis la découverte des ossements de huit individus, en 2003, dans une caverne de l’île de Florès, dont le plus vieux avait peut-être 70 000 ans. Ces humains d’un mètre de haut étaient-ils les descendants d’Homo erectus arrivés dans la région des centaines de milliers d’années plus tôt et dont un groupe se serait retrouvé bloqué sur l’île? S’ils avaient survécu aussi longtemps, alors que la plupart des définitions des Homo erectus en plaçaient les plus récents représentants il y a 400 000 ans, pourrait-il y avoir eu d’autres groupes qu’on n’aurait pas encore découverts?
Les experts s’entendent tout au plus sur le fait qu’il s’agit d’êtres dont la taille aurait progressivement diminué au fil des millénaires, un phénomène connu des biologistes sous le nom de nanisme insulaire, lié à la pauvreté des ressources dans un milieu isolé. L’île abritait aussi il y a 70 000 ans un cousin de l’éléphant appelé le stégodon, lui aussi d’une taille anormalement petite.
Le mystère des « Hobbits »
En 2018, une recherche génétique ajoutait à cela que ces « Hobbits » n’avaient pas laissé de descendants dans la population locale.
À l’origine, les archéologues avaient estimé l’âge des plus récents occupants de la caverne de Liang Bua à 18 000 ans, ce qui impliquait qu’ils auraient nécessairement partagé l’île avec des Homo sapiens. Mais des analyses postérieures ont fait reculer cet âge à 60 000 ans. Du coup, cela donnait une importance nouvelle à l’hypothèse d’une disparition causée par une éruption volcanique qui serait survenue à l’époque.
Or, dans une nouvelle recherche publiée en décembre, des chercheurs de quatre pays dont l’Australie et l’Indonésie analysent l’empreinte de sécheresses prolongées survenues il y a 47 à 61 000 ans, et en dégagent un portrait qui aurait pu conduire, de fil en aiguille, à la disparition du stégodon, puis de ces humains qui se nourrissaient de cet animal.
Le gros des pluies tombaient, et tombent encore, pendant la saison des pluies. Une diminution radicale de ces précipitations estivales — jusqu’à 50% au sommet de cette période, estiment les chercheurs — signifierait une diminution des ressources disponibles — poissons, végétaux, petits animaux. Diminution qui se répercuterait jusqu’au sommet de la chaîne alimentaire — en plus du fait que les stégodons avaient besoin, tout comme les éléphants aujourd’hui, de boire de grandes quantités d’eau.