Une façon d’expliquer le lien entre le réchauffement climatique et les incendies actuels en Californie, est que le réchauffement ne cause pas ces incendies, mais qu’il les suralimente.
Comme le rappelle le professeur en sciences de l’atmosphère Andrew Gressler, de l’Université A&M du Texas, les incendies qui ont frappé la région de Los Angeles ce mois-ci ont eu besoin d’une séquence de trois événements :
- une période de précipitations hors de l’ordinaire (ce fut le cas de l’hiver 2024), qui accélère la croissance de la végétation;
- suivie par une période de sécheresse prolongée et de températures élevées (c’est le cas depuis l’été 2024), qui transforme cette végétation plus abondante en une bombe à retardement; un rien peut alors déclencher un feu;
- si on y ajoute de forts vents, comme c’est le cas ce mois-ci, ce feu devient vite incontrôlable.
Les sécheresses n’ont donc pas été « inventées » par le réchauffement climatique. Mais celui-ci les « surcharge » ou les « suralimente ». De la même façon, compare Gressler, que le réchauffement « surcharge les canicules et les ouragans ».
Une étude américaine justement parue le 9 janvier conclut que le réchauffement climatique a augmenté de 31 à 66%, depuis le milieu du 20e siècle, la variabilité des conditions météorologiques, ce qui augmente le risque de situations comme celles décrites ci-haut: des périodes de pluies plus intenses suivies de périodes de sécheresses plus intenses.
Dans le cas spécifique de la Californie, d’autres facteurs interviennent, comme la croissance urbaine dans ces territoires « à risque », qui augmente considérablement la probabilité que, tôt ou tard, un incident déclenche un feu. Ou comme la gestion des forêts depuis un siècle qui, en laissant davantage de matériel organique dans les forêts et les sous-bois, fournit davantage de combustible.
Ce sont ces facteurs « autres » que les climatosceptiques saisissent systématiquement pour prétendre que le réchauffement climatique n’est pas en cause —oubliant du coup que dans le Nord canadien ou en Alaska, les dernières années ont également vu un accroissement des feux de forêt, là où il n’y a pourtant pas de croissance urbaine.
Du coup, rappelle Gressler, « la vraie question scientifique n’est pas si les changements climatiques ont eu une influence sur les feux. Ils en ont évidemment eu une. La vraie question est plutôt de quantifier cet impact: de combien les changements climatiques augmentent-ils l’intensité ou la probabilité de tel ou tel événement spécifique? » C’est là la question sur laquelle travaillent des milliers de scientifiques depuis des années —qu’il s’agisse de quantifier les risques accrus de feux, d’inondations ou d’ouragans.
Pour ceux qui choisissent encore le déni, il y a de toutes façons un incitatif économique à vouloir prévoir les impacts: en date du 12 janvier, la firme météorologique AccuWeather évaluait les dommages en Californie entre 135 et 150 milliards de dollars américains. Et ça n’est pas fini.