Comment décrire l’Argentine? Comment résumer cette expérience sociale, gastronomique, climatique, culturelle, politique et géographique après avoir passé seulement trois semaines dans ce singulier pays d’Amérique du Sud, logé entre l’Atlantique, l’Uruguay, le Paraguay, la Bolivie et le Chili? Le défi semble quasiment insurmontable… Mais ce n’est pas une raison pour ne pas tenter le coup.
L’Argentin aime… sa viande
Ah, la viande… Les Argentins ne sont certainement pas le seul peuple de la planète à apprécier le poulet, le boeuf, le porc, etc. Mais force est d’admettre que dans ce pays, la carne occupe une place centrale dans l’imaginaire sociétal (et gastronomique). Non seulement parce que l’élevage y représente une activité économique importante, mais aussi parce qu’au coeur de l’idée de repas de famille typique, on trouve l’asado.
La traduction littérale de ce terme pourrait bien être « barbecue », mais plus qu’une simple occasion de casser la croûte autour d’un morceau de viande grillée, l’asado est, en quelque sorte, un véritable rituel. Tout d’abord, la viande de l’asado est généralement une pièce de boeuf de grande taille (bien que l’on puisse cuire ce que l’on veut, bien entendu).
Ladite pièce de viande est cuite à la braise, habituellement dans une installation extérieure. Ladite braise est produite en faisant brûler du bois juste à côté, ce qui implique une cuisson lente et méthodique, histoire d’avoir non seulement suffisamment de braise pour compléter le travail, mais aussi obtenir une viande juteuse et grillée juste à point.
Ensuite, la viande grillée est déposée sur une planchette de bois, ou encore un plat de service, et les convives pourront alors se servir. L’objectif, outre de manger de la viande rôtie jusqu’à plus faim, consiste à se réunir entre êtres chers, afin de partager un bon moment. L’asado prend alors une dimension plus importante que la « simple » question de dévorer du boeuf (ou du poulet, etc.).
Mais cette viande aimée par l’Argentin se retrouve aussi dans presque tous les plats, à tout moment de la journée. Burgers, steaks, salades garnies de viande rôtie ou frite, sandwichs au jambon, escalopes… Manger en Argentine implique généralement d’ingérer une bonne quantité de viande. Il est même tout à fait possible d’organiser un repas sans servir autre chose que des plats contenant de la viande et du dessert.
Et que dire des empanadas, ces chaussons traditionnellement farcis à la viande, justement. Délicieux, peu chers, ils s’engouffrent rapidement lorsque nous sommes pressés, ou se mangent très bien en entrée… avant d’autres portions de viande. Chaque province a généralement sa recette d’empanada, dont les ingrédients vont varier.
On ignore s’il s’agit d’une question culturelle, d’un problème d’approvisionnement, d’un enjeu lié au prix, mais s’il est certainement possible de se procurer des légumes, dans le pays, il est rare que ceux-ci accompagnent le repas, ou forment l’entièreté de celui-ci. Et même lorsque des salades sont proposées, notamment pour aller avec la viande grillée, ces salades contiennent habituellement des protéines, que ce soit une salade de riz avec du thon, ou encore une salade de verdure avec des oeufs.
L’Argentin aime… ses desserts
Dans la foulée de la passion pour la viande, les habitants du pays ont aussi fortement la dent sucrée; lors du déjeuner, par exemple, il n’est pas rare de manger des medialunas, de petits croissants généralement sucrés, ou encore toutes sortes de viennoiseries et pâtisseries.
Et au coeur de ce monde de sucre, on trouve les incontournables alfajores. Sorte de grand biscuit recouvert de chocolat, l’alfajor est habituellement fourré au dulce de leche, un délicieux caramel au lait. Et ces friandises, qui sont vendues à l’unité dans les dépanneurs, mais aussi en plus grandes quantités dans les épiceries, ou encore chez les fabricants spécialisés, se déclinent en diverses variétés.
Outre ces biscuits farcis, on peut aussi manger du nougat, ou encore des collationes, un autre type de biscuit recouvert de dulce de leche, puis d’une couche de sucre…
Et cela, c’est aussi sans compter la crème glacée: que l’on se tourne vers une grande chaîne, ou encore des détaillants locaux, les Argentins ont accès à de l’excellente crème glacée qui semble se rapprocher un peu de ce qu’offrent les glaciers italiens, sans toutefois que l’on parle de gelato. Le nombre de saveurs est aussi généralement très important. Y compris, on l’aura deviné, possiblement plusieurs versions du dulce de leche. On ne se refait pas!
L’Argentin aime… son char
Si l’Argentine n’est pas un pays extrêmement large, il est en revanche particulièrement long. Et que ce soit pour aller travailler, faire des courses, ou encore se rendre dans une autre province ou dans une autre ville, le moyen de transport de prédilection est la voiture.
La voiture européenne, généralement, avec une pléthore de modèles de constructeurs comme Fiat, Peugot, Volkswagen, etc. Possiblement parce qu’il n’est habituellement pas nécessaire que le véhicule puisse circuler dans la neige, comme c’est le cas aux États-Unis et au Canada, mais aussi, peut-être, parce que ces modèles européens sont plus petits, moins énergivores, et sans doute moins chers.
Oui, on trouvera des camionnettes et des VUS, avec des modèles de chez Ford, entre autres, mais la ruée vers les grosses cylindrées est beaucoup moins marquée là-bas. On sera plutôt étonné de voir circuler de vieilles bagnoles, parfois des engins vieux de plusieurs décennies qui ont été rafistolés. Une question de coût, probablement, encore une fois.
Et ce char, on le verra par milliers dans les rues des grandes villes, comme Buenos Aires et Cordoba. Oui, il existe des réseaux de transport collectif, notamment un système d’autobus très efficace dans la capitale, mais la densité de celle-ci est telle, en fait, que la circulation ne semble jamais s’arrêter pour les millions d’habitants qui tentent d’aller d’un point A à un point B.
Imaginez, ainsi, le triple de la population de Montréal (sur un territoire de taille similaire) qui doit aller travailler, faire les courses, se divertir, rentrer à la maison… Si l’on prend du recul, la grande région de Buenos Aires regroupe près de la moitié de la population du pays, soit une vingtaine de millions d’habitants. On aura beau ajouter tous les autobus que l’on souhaite, et même un bon réseau de métro ressemblant à celui de New York, on aura toujours l’impression que les routes sont congestionnées, pratiquement à toute heure du jour ou de la nuit.
En plus de l’auto, on comptera aussi de très nombreuses motos, qui servent souvent à des coursiers travaillant pour l’équivalent d’Uber, DoorDash et toutes ces compagnies de « l’économie du petit boulot ».
Bien étrangement, l’Argentine combine deux mondes automobiles: les petites voitures européennes et un nombre effarant de carrefours giratoires, mais aussi de gros VUS et des autoroutes titanesques. Buenos Aires accueille d’ailleurs la plus vaste avenue du monde: 24 voies de large! Oui, certaines d’entre elles sont entièrement réservées aux autobus, mais ce gigantesque ruban de bitume témoigne lui aussi du gigantisme, de la démesure du pays.
Ajoutez à cela une multitude de stationnements intérieurs (les rues sont étroites et les ruelles n’existent pas) et un manque un peu effrayant de panneaux d’arrêt aux intersections, et vous avez une culture de l’automobile qui rivalise, à sa façon, avec Detroit et Los Angeles.