Les émissions de CO2 causées par les centres de données aux États-Unis ont triplé entre 2018 et 2024. La proportion de cette augmentation qu’on doit à l’IA? On l’ignore, ce qui inquiète ceux qui observent la croissance rapide ce secteur.
C’est qu’un centre de données ne servait pas uniquement aux activités de l’IA, du moins jusqu’à récemment: c’est là aussi que sont hébergés les sites web, vos photos qui sont dans le nuage, et tout ce qui constitue aujourd’hui Internet. Mais avec l’explosion depuis 2022 des applications comme ChatGPT, il est certain que l’énergie nécessaire à leur « entraînement » de même que celle requise par chaque requête de millions d’usagers, va signifier une empreinte environnementale de plus en plus importante.
Selon une étude parue en novembre sur le serveur de prépublication ArXiv (et qui n’a donc pas été révisée par d’autres experts), entre août 2023 et août 2024, les centres de données aux États-Unis avaient été responsables de 105 millions de tonnes métriques de CO2 soit juste un peu moins que l’ensemble de l’aviation commerciale (131 millions de tonnes). Ça représentait 2,18% des émissions totales des États-Unis. Si on calcule plutôt, pendant cette même période, l’ensemble de l’énergie utilisée aux États-Unis, 4,6% l’a été par les centres de données.
En plus de la croissance rapide de l’IA, il y a le fait que 95% de ces centres, lit-on dans le rapport, sont situés dans des endroits où leur électricité dépend de sources polluantes —notamment le charbon, la plus polluante des énergies. S’il en est ainsi, ce n’est pas seulement parce que les propriétaires de ces installations ont choisi des lieux où le terrain coûtait moins cher. C’est avant tout parce qu’il leur faut une source d’énergie qui soit fiable 24 heures sur 24 —ce que, pour l’instant, l’éolien ou le solaire ne pouvaient leur garantir, commente un des auteurs, de l’École de santé publique de l’Université de Californie.
Il faut notamment faire circuler beaucoup d’eau pour abaisser la température : plus on fait rentrer de l’équipement dans ces espaces forcément réduits, plus il faut des technologies capables de refroidir « agressivement » l’espace.
Dans un rapport publié l’an dernier, l’Agence internationale de l’énergie estimait que la demande mondiale en électricité des centres de données pourrait doubler entre 2022 et 2026, en bonne partie à cause de l’explosion de l’IA.
Lors d’un congrès scientifique international sur les technologies durables tenu en octobre dernier au Massachusetts Institute of Technology, l’une des thématiques avait précisément été le besoin de stratégies pour améliorer la « durabilité » de ces centres de données: cela pourrait passer par des équipements plus efficaces ou par une réforme de la façon même dont ces modèles d’IA générative sont « entraînés ».
La simple création d’une image représenterait l’équivalent en énergie de la recharge d’un téléphone, selon une estimation prépubliée à la fin de 2023.