Dans un futur proche, le gouvernement britannique fait fortement pression sur ses citoyens pour que ceux-ci s’unissent au sein d’un mariage. Et pas n’importe quel mariage: un mariage+, le tout accompagné d’avantages économiques et sociétaux. Et pour les autres, les conséquences peuvent être terribles. Voici The Marriage Act.
Écrit par John Marrs, l’oeuvre – sans surprise largement inspirée par 1984, le classique du genre – nous décrit donc un État quasi totalitaire où non seulement l’ensemble d’internet est surveillé par le gouvernement, mais aussi où les dirigeants ont mis en place tout un système visant à assurer la pérennité de ces unions, ou encore, dans le cas d’un divorce, de reformer des couples le plus rapidement possible.
Et c’est probablement là la première faille dans un roman au scénario si improbable, si invraisemblable, que le terme « ridicule » ne suffit pas à décrire cette catastrophe littéraire. Car l’auteur n’explique jamais pourquoi ce gouvernement britannique tient à ce point à ces mariages qui durent. Oui, on marie la chose à la notion d’espionnage constant par l’équivalent des Echo, Siri et autres assistants vocaux contemporains, le tout avec une très forte dose d’intelligence artificielle et d’algorithmes, mais au-delà d’une vague notion de « stabilité économique », rien.
Pire encore, on nous propose, à intervalles réguliers, de fausses annonces gouvernementales (et, plus tard, de faux messages de la « résistance »), toutes aussi ridicules les unes que les autres, qui font passer les bulletins de nouvelles satiriques de Starship Troopers pour des messages à la profondeur intellectuelle insondable.
Ajoutez à cela des personnages quasiment unidimensionnels, qui agissent bien souvent comme des idiots, et vous vous retrouvez avec un livre que l’on aura régulièrement envie de jeter au bout de ses bras. Mais puisqu’il s’agit, dans ce cas-ci, d’un titre en version numérique enregistré sur une liseuse, on évitera de casser un appareil autrement tout à fait fonctionnel.
Dans le roman, les gaffes stupides et les invraisemblances continuent de se multiplier, notamment une séquence vidéo qui menacerait une ministre importante du gouvernement, mais dont les membres de la résistance ne font jamais de copie sur des supports physiques, une voiture capable de détecter la présence d’une clé USB se trouvant dans la poche d’un protagoniste (et d’en effacer miraculeusement le contenu à distance, par la voie des airs)… Sans compter le méchant de service, un mélange navrant de Grima, dans Le Seigneur des Anneaux, et d’un Darth Vader du pauvre.
Non, il n’y a rien d’original, ni de vraiment intelligent, dans The Marriage Act. Y compris la surprise scénaristique finale, où un gouvernement d’extrême droite restreignant toujours plus les libertés civiles, voire même la capacité de penser de ses citoyens, à l’aide d’une surveillance constante, tient quand même des élections et en accepte les résultats sans problème. Ce livre est un ratage complet, du début à la fin. George Orwell doit s’en retourner dans sa tombe.