Après la catastrophe qu’était Skulls & Bones, en début d’année, la niche des jeux où l’on interprète un flibustier peu heureusement compter sur des bijoux comme Rogue Waters pour éviter que les amateurs du genre ne partent à vau-l’eau.
Développé par Ice Code Games, ce titre, comme son nom l’indique, donne dans le roguelite, mais un roguelite intelligent, si l’on peut dire, puisque le jeu combine non seulement action sur les sept mers (ou plutôt une seule mer, cette fameuse mer des Caraïbes remplie de mystère, de trésors et de dangereuses promesses), mais aussi du combat tactique qui nécessitera plusieurs heures de pratique afin d’en saisir toutes les subtilités.
Dans la peau du capitaine Cutter, pirate trahi par son ancien capitaine et devenu immortel dans la foulée, le joueur sera amené à cumuler les engagements sur mer, un peu dans le style de Slay the Spire et consorts, afin d’accumuler des ressources, gagner des points d’expérience et faire progresser l’intrigue.
Mais le côté particulier du titre se trouve du côté de la structure desdits engagements: comme il se doit, dans l’univers fantasmé des pirates, il y aura d’abord la bataille navale, puis l’abordage et le combat au corps à corps. Il faut bien sortir le sabre et se faire aller la jambe de bois, pardi!
Et tout cela, ces bagarres bien souvent sanglantes, nécessitera une maîtrise tactique qui gagnera en complexité: impossible, par exemple, de faire feu de tous ses canons à la fois, avant que l’ennemi ne réplique. Possède-t-on, aussi, des améliorations permettant d’amortir les coups? Doit-on viser l’équipage ennemi pour l’affaiblir en vue de l’abordage, ou détruire à tous pris les canons de l’autre navire? Et peut-on se permettre d’attendre un tour et de se rapprocher de l’adversaire, histoire de déployer des armes plus meurtrières, mais à la portée limitée?
Une fois le combat au corps à corps engagé, la donne change: il s’agit maintenant de positionner efficacement ses forces sur le « champ de bataille », c’est-à-dire généralement le pont d’un navire, avec ses espaces restreints et ses objets qui peuvent encombrer le tout. D’ailleurs, de Slay the Spire, puis un certain équivalent de Faster Than Light, pour le combat naval, on tombe ici dans quelque chose qui ressemble au fantastique Into the Breach: il ne suffit certainement pas de foncer dans le temps, sabre au clair: chaque personnage, sauf indication contraire, n’assène qu’un point de dégât en donnant un coup d’épée. Et se rapprocher de l’ennemi veut aussi dire se mettre soi-même en danger.
Non, il faut plutôt calculer ses attaques correctement: un coup de sabre peut ainsi faire reculer l’ennemi, ou encore lui faire encaisser des dégâts supplémentaires quand il se trouve déjà dos au mur, par exemple. Et que dire de la délicieuse possibilité de projeter carrément l’ennemi par-dessus bord?
À mesure que l’on progresse, on pourra personnaliser nos membres d’équipage, affiner nos tactiques et tenter d’avoir finalement le dessus sur notre ancien patron, devenu quasiment invincible. Et si tout cela rate, eh bien, il faudra recommencer au point de départ, mais en conservant généralement nos améliorations et notre progression. Le tout dans une ambiance mêlant Pirates des Caraïbes à un côté plus fantastique. Qui n’a jamais eu envie de faire intervenir le Kraken pour écrabouiller des ennemis?
Facile d’approche, mais avec une courbe d’apprentissage juste assez abrupte pour pousser à persévérer, joli, drôle, sans oublier un petit goût de « revenez-y », Rogue Waters est un excellent titre qui permet d’y consacrer quelques dizaines de minutes à la fois, ou encore quelques heures, si l’on a le pied marin, ou non. À l’abordage!
Rogue Waters
Développeur: Ice Code Games
Éditeur: Tripwire Interactive
Plateformes: Playstation 5, Nintendo Switch, Xbox One et Series, Windows (testé sur Windows/Steam)
Jeu disponible en français: interface et sous-titres