De 1987 à 2024: Beyond Shadowgate, la suite du jeu d’aventure en format pointe et clique d’abord publié il y a près de 40 ans sur Macintosh – et en noir et blanc, s’il vous plaît –, a finalement vu le jour, avec une mouture plus « contemporaine », le tout sous la supervision des développeurs de chez Zojoi. De quoi contenter les plus nostalgiques, certes, mais cette volonté de coller aux mécaniques et visuels d’antan est aussi la plus grande faiblesse de ce titre.
Tout d’abord, un peu de confusion: si Zojoi affirme que son plus récent titre – l’équipe avait déjà revampé Shadowgate, en 2014, avec un succès certain, semble-t-il –, une recherche en ligne indique qu’il existe déjà une suite intitulée Beyond Shadowgate, un jeu apparemment obscur paru sur la tout aussi console TurboGrafx CD, en 1993.
Mais pour les besoins de la cause, Zojoi laisse de côté le jeu de plateformes et retourne aux premières amours, c’est-à-dire le jeu en première personne avec une interface datant des premières années de ce genre de titres, soit une liste d’actions pouvant être effectuées lors de chaque séquence de jeu. Oui, il existe des raccourcis clavier – nous ne sommes plus des barbares! –, mais l’interface a résolument des allures des années 1980.
Tout cela se marie très bien avec cette histoire classique de forces maléfiques, de roi emprisonné et de héros qui est le seul à pouvoir vaincre le Mal et sauver le royaume. Et si le tout fonctionne, pourquoi se casser la tête à chercher quelque chose de plus complexe?
Ce qui coince, cependant, c’est non seulement l’interface franchement viellotte, mais aussi le principe de fonctionnement du jeu. Limitations technologiques obligent, cette gigantesque interface qui occupe la majorité de l’écran a pourtant été remplacée, quelques années plus tard, par un curseur de souris changent en fonction des actions possibles en fonction de notre emplacement ou de l’objet que nous cherchons à utiliser, par exemple.
Ici, on a beau avoir droit à des raccourcis, il faut encore bien souvent passer son temps à tester presque toutes les possibilités dans chaque « page » de l’endroit que nous explorons, le monde de Beyond Shadowgate étant scindé en une multitude d’écrans fixes à travers lesquels on se déplace peu à peu.
L’autre problème, c’est que, souvent, ces écrans sont composés de séquences où la moindre erreur implique une mort subite et violente… avec un retour au début de cette série d’événements fâcheux. On se croirait pratiquement dans Dragon’s Lair, les magnifiques animations en moins.
Encore une fois, la chose est typique de l’époque: il faut faire en sorte que les joueurs puissent consacrer beaucoup de temps à un jeu pour en justifier l’achat. Et l’ensemble a un certain charme. Mais si l’on n’a pas connu le jeu original, on se dit bien rapidement que la nostalgie a ses limites, surtout lorsqu’il s’agit de se cogner le nez sur des mécaniques de jeu depuis longtemps reléguées aux oubliettes.
Lettre d’amour à un style de jeu qui n’existe plus, du moins, certainement pas sous cette forme, Beyond Shadowgate témoigne d’une minutie et d’un sens du détail qui fait aux développeurs. Dommage, cependant, que cette volonté de calquer un titre sorti en 1987 signifie s’astreindre à des aspects franchement passés date.
Beyond Shadowgate
Développeur et éditeur: Zojoi
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Jeu non disponible en français