Il y a de ces oeuvres où l’on se dit que l’on a peut-être raté quelque chose, manqué un point important… Bref, qu’un aspect d’une création – une pièce de théâtre, dans le cas qui nous préoccupe – nous échappe, ce qui nous empêche de l’apprécier pleinement. C’est justement le cas avec Whitehorse, présentée à la Cinquième Salle.
Impossible de se tromper, nous sommes dans l’absurde: une actrice qui décroche un rôle avec un réalisateur aussi déjanté que macho, un petit ami médiocre qui se fait diagnostiquer une transformation imminente en tortue, un bien étrange tournage prévu à Whitehorse…
Adapté du roman graphique de Samuel Cantin, qui collabore justement au texte de cette version sur les planches, la pièce Whitehorse est certainement déconcertante. On apprécie certainement l’aspect absurde de l’humour, les rôles parfois interprétés jusqu’à l’excès, le tout dans une mise en scène assez efficace de Simon Lacroix.
Mais il faut croire que Whitehorse est un goût qui s’acquiert. Peut-être fallait-il déjà connaître le roman graphique? Quoi qu’il en soit, malgré la bonne volonté évidente des comédiens, notamment Charlotte Aubin, ou encore la toujours drôle Sonia Cordeau, fantastique avec le groupe des Appendices, le texte de l’oeuvre met de l’avant un humour non pas niaiseux, mais… puéril?
Il existe sans doute une mince ligne entre l’absurde et le ridicule, mais dans Whitehorse, les choses partent tellement dans tous les sens, avec une multiplication constante des gags, qu’on en vient à se demander si l’on n’a pas adopté la méthode du spray and pray pour tenter de faire rire par tous les moyens.
Clairement, d’ailleurs, la stratégie fonctionnait: on se bidonnait bien dans les sièges de la Cinquième Salle. Force est d’admettre que, pour ce journaliste, l’ensemble tombait franchement à plat. Il faut dire, peut-être, que personne n’est vraiment aimable, dans cette pièce. Soit, il existe bien Succession, où l’ensemble de la distribution semble rivaliser pour être détestable, mais peut-on vraiment passer un bon moment si tout le monde semble un peu agir comme un idiot?
Bref, il est clair que Whitehorse pourra trouver son public. Un public amateur d’absurde et de macédoine humoristique. Mais il y a aussi fort à parier qu’une partie de la population, ce journaliste compris, aura mieux à faire.
Whitehorse, de Guillaume Laurin, Sébastien Tessier et Samuel Cantin, dans une mise en scène de Simon Lacroix
Avec Patrick Emmanuel Abellard, Charlotte Aubin, Frédérike Bédard, Éric Bernier, Sonia Cordeau, Oscar Desgagnés, Guillaume Laurin et Sébastien Tessier
À la Cinquième Salle jusqu’au 15 décembre