Vaut-il mieux que notre enfant se conforme, se fonde un peu dans la masse, afin d’éviter la vindicte et les moqueries de ses camarades de classe? Ou faut-il plutôt lui permettre de s’exprimer comme bon lui semble, de développer sa personnalité et son identité sans aucun carcan? Les parents du petit Louis devront se brancher rapidement, dans la fort intéressante pièce Ma petite pouliche, jouée à La Licorne.
Louis, donc, un garçon d’une dizaine d’années, est victime du mépris, voire des tentatives d’agression de l’ensemble des élèves de son école primaire. La cause présumée? Il porte un sac à dos orné de pouliches. Un sac à dos de fille, nous dit-on en sous-texte.
Simple lubie? Envie d’expérimenter quelque chose de nouveau? Symbole d’une transformation, voire d’une affirmation de genre? Rien ne sera jamais clairement explicité. Mais les deux parents seront bien rapidement divisés en fonction de leur positionnement dans cette affaire: le père, lui, estime que Louis devrait continuer de s’affirmer, et qu’accepter de se conformer équivaut à se condamner soi-même à une mort lente.
La mère, au contraire, juge que pour protéger son fils, il incombe de lui dire de mettre en veilleuse certaines… tendances.
En un sens, les deux camps ont partiellement raison: s’il est important de développer sa propre identité et de ne pas avoir peur de s’affirmer, il est vrai qu’il est parfois nécessaire de respecter les conventions sociales pour éviter les accrochages et, à l’occasion, progresser dans la société, notamment pour obtenir un emploi.
Tout cela, c’est le dilemme d’une vie, qui est ici concentré en une heure et des poussières, et qui semble s’articuler entièrement autour de la fameuse histoire du sac à dos. Qui aurait cru que My Little Pony causerait autant de problèmes?
On apprécie sincèrement ces moments de remise en question de la part des deux parents de Louis. Après tout, ne veut-on pas ce qu’il y a de mieux, pour notre enfant? N’est-ce pas le devoir d’un parent de veiller au bien-être de notre progéniture?
Ce qui coince un peu, c’est que le texte de Paco Bezerra part un peu dans tous les sens. Vraiment, plus de 200 élèves de l’école de Louis le harcèlent? Vraiment, des élèves tentent de l’agresser sexuellement dans les toilettes et l’affaire n’a pas de suite? Vraiment, ni la police ni les médias ne sont impliqués? C’est franchement fort de café.
Malgré des aspérités, Ma petite pouliche demeure une pièce franchement intéressante, si ce n’est parce que la vie est une succession de compromis, de choix audacieux et de décisions parfois prises sur un coup de tête. Le tout condensé en à peu près 60 minutes. Que demander de plus?
Ma petite pouliche, de Paco Bezerra, mis en scène de Louis-Karl Tremblay, avec Bruno Marcil et Évelyne Rompré
Jusqu’à 21 décembre, au Théâtre de La Licorne