D’ordinaire, l’assèchement de la mer Caspienne ne ferait guère parler en-dehors des pays concernés. Cela devient plus gênant lorsqu’on réalise que c’est au bord de ce plan d’eau que se déroule actuellement la COP29.
C’est la plus grande mer intérieure du monde. Ses 6800 km de rivages — le calcul date de 2017, mais le nombre est en diminution — sont partagés par cinq pays: l’Azerbaïdjan, l’Iran, la Russie, le Turkménistan et le Kazakhstan. C’est aussi la mer la moins profonde: seulement 4 mètres en certains endroits, ce qui contribue à ses problèmes.
C’est un mélange de pollution dû notamment à l’exploitation pétrolière, de détournement par la Russie des grands fleuves (l’Oural et la Volga) pour ses barrages et de réchauffement climatique, qui ont amené les niveaux d’eau à leur seuil le plus bas depuis plus de 40 ans. Le déclin se serait accéléré ces dernières années.
En juin 2023, les autorités du Kazakhstan décrétaient l’état d’urgence en raison du bas niveau de l’eau: l’impact se fait ressentir là-bas sur les réserves d’eau potable et les pêcheries, ainsi que sur la biodiversité. En août 2024, le président de l’Azerbaïdjan aurait décrit la situation comme « catastrophique ».
C’en est au point où les photos satellites révèlent à présent des différences visibles à l’œil nu. Dans la région nord, deux baies sont carrément disparues. Un mammifère marin unique à la région, le phoque de la Caspienne, a vu sa population dégringoler d’un million au début du 20e siècle à peut-être moins de 150 000 aujourd’hui.
La disparition partielle de cette mer est une réelle possibilité quand on se rappelle le sort de la mer d’Aral, à 1300 km de là. Elle était jadis le 4e plus grand lac du monde, elle est à présent à peine visible sur les photos satellites. Une étude parue en 2021 estimait qu’à ce rythme, la mer Caspienne aura perdu le quart de sa superficie avant la fin du siècle.
En théorie, un accord entre les cinq pays riverains pourrait ralentir le processus en établissant des zones protégées pour la faune et la flore, mais il faudrait pour cela qu’ils s’entendent aussi sur une limitation de l’exploitation pétrolière, et sur une limite à la quantité d’eau que peuvent retenir les barrages. Pour l’instant, les cinq pays ont tout au plus profité de la COP29 —conférence des Nations unies sur le climat— pour signer, le 18 novembre, une déclaration où ils s’engagent à « renforcer la coopération régionale » pour faire face au déclin de la mer.