Une armée de « bots » ou comptes automatisés, travaillait dès la mi-octobre à défendre l’image de l’Azerbaïdjan, cet hôte controversé de la conférence annuelle sur les changements climatiques (COP29), en cours du 11 au 22 novembre.
Une analyse effectuée par le chercheur américain en désinformation Marc Owen Jones, de l’Université Northwestern, a identifié au moins 1800 « bots » sur le réseau social X, à partir d’un échantillon de 2800 comptes qui, entre les 17 et 24 octobre, avaient publié plus de 10 000 messages sur la COP29. Les trois quarts de ces comptes ont été créés cette année, et les deux tiers avaient une activité « suspecte », c’est-à-dire de toute évidence coordonnée et automatisée.
Jones n’a pu établir qui a créé ces comptes, entre le gouvernement ou une éventuelle firme externe de relations publiques. Mais l’an dernier, le même chercheur avait noté une activité semblable sur X, pour chanter les louanges du pays hôte -les Émirats arabes unis- qui était alors, là aussi, un État pétrolier.
Dans une autre analyse « à chaud » publiée le 4 novembre, Phil Newell, de l’organisme Climate Action Against Disinformation, a constaté que ce matin-là, immédiatement après un message sur X du président azerbaīdjanais, pas moins de 400 comptes l’ont partagé en 35 minutes. Il y a eu du même souffle plusieurs messages vantant le bilan azerbaïdjanais en matière de droits humains.
Il faut dire que les jours précédents, autant des appels de l’organisme Human Rights Watch que de l’épouse du militant local Farad Mukhtarva, emprisonné pour « sa critique de la dépendance » de son pays aux énergies fossiles, avaient été rapportés par les journalistes internationaux.
Peu d’observateurs étrangers s’attendent de toutes façons à une grande liberté de parole en Azerbaïdjan. Reporters sans frontières le classe au 164e rang sur 180, dans son dernier Index de la liberté de presse. Dans la dernière année, au moins 13 journalistes ont été emprisonnés, rapporte le Committee to Protect Journalists.
Et qu’en est-il des militants écologistes locaux qui, traditionnellement, contribuent aux à-côtés d’une COP? Le journaliste environnemental Joseph A. Devis explique, dans le bulletin de la Société des journalistes environnementaux des Etats-Uns, que les habitués des COP savent qu’il y a souvent, en-dehors de l’espace réservé à la COP, des activités organisées par des militants et des manifestants. À leur sujet, il y a cette année une ambiguïté: le pays hôte assure aux participants de la COP29 qu’ils jouissent de l’immunité pour tout « propos parlé ou écrit » émanant d’eux, mais qu’ils doivent se garder de s’ingérer dans les « affaires internes » du pays.