Qu’est-ce qui fait que nous puissions passer des heures à observer le ressac des vagues au bord de la mer, ce mouvement où l’eau se brise en fin de course sur un banc de sable et repart pour revenir dans une déferlante inverse? Pourquoi nous étonnons-nous du mouvement circulaire et quasi magique des samares, ces minuscules hélicoptères qui tournoient en dégringolant des érables? Le vent, cet élément invisible, rend paradoxalement visibles tant d’objets qui nous entourent.
Montrer ce phénomène du vent en danse contemporaine, telle est l’ambition du spectacle Le vent se lève, proposé au théâtre La Chapelle.
Sur sa scène noire et sans décor, le danseur Manuel Roque se présente de dos et immobile. Une musique ou un bruitage de vague se fait entendre. S’agit-il vraiment de vagues au bord de la mer? Ou est-ce une masse d’eau qui coule d’une rivière agitée? Toutes sortes d’interprétations sont possibles concernant ce flux continu, ou presque.
Et c’est sur cette musique étrange et agréable que, une heure durant, l’artiste produit pour le public une performance très exigeante physiquement, faite de mouvements répétés et subtilement modifiés, avec une grande douceur et une beauté certaine.
La chorégraphie est simple en apparence, mais faite de pas et de mouvements subtils. Le danseur va et vient avec rapidité, mais sans précipitation. Ses mouvements sont doux, légers, aériens.
J’ai pensé à des vagues, au début, mais sans transition, cette hypothèse s’est vue invalidée par d’autres mouvements de l’artiste. Et quand le vent cesse et qu’il se retrouve à terre, on prend encore davantage conscience de ce que les mouvements de l’air produisent autour de nous.
Le vent se lève est un beau spectacle, très bien interprété, et nullement lassant en dépit de ses fausses répétitions de mouvements.
Le vent se lève
Chorégraphie et interprétation : Manuel Roque
Interprète à la création : Nils Levazeux
Costumes : Marilène Bastien
Lumières : Karine Gauthier
Trame sonore : Manuel Roque
Mix et conseils son : Pablo Geeraert
Conseils artistiques et dramaturgie : Sophie Michaud et Lucie Vigneault
Du 12 au 16 novembre 2024 au théâtre La Chapelle, à Montréal