Pour comprendre comment un cancer se développe, les chercheurs en sont à tenter d’observer sa progression, cellule par cellule. Dans une série de pas moins de 12 articles parus le 30 octobre, plusieurs équipes publient une partie des données qu’elles ont jusqu’ici tirées d’un véritable « atlas » des cancers.
Les cartes 3D en question, au nombre de 14 pour l’instant, sont produites à partir de l’analyse de tissus d’humains et d’animaux. Et elles sont suffisamment précises pour pointer la position de chaque cellule composant une tumeur.
L’objectif ultime, écrivent les chercheurs, est de mieux comprendre les mécanismes qui, au niveau microscopique, gouvernent la progression d’une tumeur. Ainsi que les raisons qui font que tous les amas de cellules cancéreuses ne réagissent pas aux mêmes traitements de la même façon.
Le projet, appelé Human Tumor Atlas Network, qui est depuis 2018 sous l’aile de l’Institut national du cancer des États-Unis, a analysé plus de 8000 « biospécimens » —par exemple, un tissu cancéreux prélevé chez un humain ou un animal— représentant plus de 2000 cas de cancers. La moitié sont des cancers du sein, les autres sont répartis entre des cancers du poumon, colorectaux, du pancréas et une quinzaine d’autres.
Certaines des 12 études publiées le 30 octobre décrivent les « cartographies » des cellules. D’autres identifient la progression des mutations qui, dans le matériel génétique de la cellule, conduisent à un cancer —et plus précisément, la vitesse à laquelle ces mutations se produisent, ce que certains experts appellent l’horloge moléculaire. Une hypothèse veut que des traitements pourraient cibler avec précision un moment de cette progression qu’on aurait identifié comme étant une étape-clef du développement d’une tumeur.
En observant le tout cellule par cellule, les chercheurs reviennent à une information connue des oncologues depuis longtemps: au sein même d’une tumeur, toutes les cellules ne sont pas cancéreuses. Par conséquent, un traitement qui arriverait à distinguer les unes des autres n’en serait que plus efficace, espère-t-on: c’est le principe de l’immunothérapie, qui est « d’entraîner » le système immunitaire à reconnaître les cellules cancéreuses et à ne détruire qu’elles.