Jeudi soir dernier, le pianiste Simon Trpčeski faisait ses débuts avec l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), sous la baguette du chef Vasily Petrenko. Et pour faire connaissance avec le public montréalais, il s’est attaqué à rien de moins que le Concerto pour piano no 5, en mi bémol majeur, op. 73 de Beethoven. Quel cadeau que ce concerto!
Un cadeau pour le pianiste, grâce à tous ces longs solos qui nous mettent dans l’ambiance d’un récital presque intime. Un cadeau pour l’orchestre, en raison de ces longs tuttis qui donnent à l’œuvre un air de symphonie. Un cadeau pour le public, bien sûr, qui n’en peut plus de toute cette virtuosité, de toute cette fougue et de toute cette douceur romantique.
Ajoutez à cela un OSM très en forme, une direction d’orchestre enthousiaste et un pianiste hautement communicatif et vous avez les clefs d’une véritable ovation; pas de celle que les Montréalais offrent à tous pour pouvoir se dire qu’ils avaient raison de venir, mais bien de celles qui sont irrépressibles et qui viennent des tripes.
Des tripes d’ailleurs, Trpčeski a bien montré qu’il en avait, tout comme de la sensibilité, deux grandes qualités qu’il exprime non seulement sur les touches, mais de tout son être. Il n’y a pas à dire, il est sympathique, le bonhomme. Et généreux, aussi. En effet, il a entendu la demande de rappel et a répondu à la au public en s’exécutant deux fois plutôt qu’une à travers une danse macédonienne et une valse d’Edward Grieg.
En début de programme, nous avons eu l’heureux privilège d’entendre blue cathedral, une courte pièce de Jennifer Higdon. Pas très éloignée, d’une certaine manière, de grandes musiques de films, cette œuvre et néanmoins plus subtile, moins ronflante et résolument contemporaine. Petrenko et l’OSM en ont tiré quelque chose de charmant et lyrique à la fois.
Que pouvait-on bien mettre au programme à la suite du majestueux concerto de Beethoven pour ne pas décevoir le public? Nulle autre que la Symphonie no 5 en mi bémol majeur, op. 82 de Jean Sibelius, bien sûr. Vous l’aurez deviné, le choix fût heureux.
Cette œuvre est aussi grandiose et intense, mais le chef et l’orchestre en ont fait quelque chose de terriblement touchant, comme l’arrivée du printemps dans les contrées nordiques de la Finlande, comme des amoureux qui s’avouent leurs sentiments pour la première fois? Vous avez le choix. Reconnaissons ici le superbe travail des cuivres mais encore plus celui des cordes, de toutes les cordes qui ont établi et maintenu la profondeur de l’interprétation tout au long des 30 minutes que dure l’œuvre. Chapeau!