En conflit quasiment ouvert avec sa mère, la jeune June, 18 ans, passe une très grande partie de sa vie en ligne ou installée devant un appareil électronique, quel qu’il soit. Et lorsque sa mère disparaît avec son nouveau petit ami, lors d’un voyage en Colombie, c’est vers cet univers numérique qu’elle se tournera pour tenter d’élucider le mystère de Missing.
Dans la foulée du fort bien reçu Searching, sorti en 2018, et dont les scénaristes Sev Ohanian et Aneesh Chaganty (aussi réalisateur de ce premier film) reprennent du service pour écrire le script original, Missing, réalisé et scénarisé par Will Merrick et Nick Johnson, a toutes les apparences d’un drame classique.
Ainsi, une jeune femme en froid avec un parent doit partir à la recherche de ce dernier à la suite de sa disparition, levant au passage le voile sur toutes sortes de mystères qui, en s’accumulant, viendront brouiller les pistes. Ce qui change, cette fois, c’est le fait de s’appuyer sur les interfaces de divers appareils électroniques pour faciliter le déroulement de l’action.
Plutôt que de filmer le personnage de June utiliser son téléphone intelligent, par exemple, ou taper sur le clavier de son ordinateur portatif, nous verrons en fait directement ce qu’elle écrit et les clics de sa souris, un peu comme si les cinéphiles avaient le visage uniquement collé sur des écrans, des fenêtres de navigateur web, ou le signal transmis par une caméra vidéo.
Oui, cette approche a déjà été tentée, notamment dans des films d’horreur mettant en scène des jeunes se parlant à distance, par exemple. Et il convient de mentionner qu’effectivement, l’idée peu éventuellement perdre de son lustre. Après tout, nous passons déjà plusieurs heures par jour à fixer un (ou des) écran(s); pourquoi voudrait-on voir un écran à travers un autre écran pendant près de deux heures?
Fort heureusement, l’attrait de Missing tient à son rythme. L’action déboule ainsi à une vitesse suffisamment importante pour que l’on n’ait jamais le temps de s’ennuyer. Mieux encore, le montage fait en sorte que le simple fait de taper une requête dans un moteur de recherche, ou encore de cliquer sur les boutons d’une interface, peut soudainement sembler palpitant et endiablé. Ajoutez à cela quelques tours de passe-passe pour éviter de « briser le cadre » de cet environnement numérique, comme l’utilisation judicieuse d’une caméra dotée d’une caméra vidéo, et vous obtenez un film franchement divertissant qui tire bien parti des technologies contemporaines pour raconter une bien étrange enquête policière.
Certes, on se dira peut-être que les révélations finales sont quelque peu superflues, et que certains choix, comme le fait de garder presque constamment une fenêtre vidéo ouverte, sur l’ordinateur portatif de June, afin de pouvoir filmer celle-ci et les gens qui se trouvent derrière elle, sont tirés par les cheveux, mais bien franchement, on se prend à être parfois pris de court par les revirements de situation. De là à se coucher tard pour enfin connaître la fin du film, il n’y a qu’un pas que l’on s’empressera de franchir.
Bien exécuté, avec quelques errances que l’on s’empressera de pardonner, Missing est l’un de ces films réussissant à s’emparer d’une histoire relativement classique et d’en tirer quelque chose d’efficace à l’aide de la technologie contemporaine et d’un montage très serré. Bien joué!