Des spécialistes des commotions cérébrales ont reconnu un nouvel indice qui pourrait permettre d’identifier jusqu’à 33% plus de ces impacts qui échappaient précédemment aux médecins.
Selon ces experts, après un coup à la tête, des personnes secouent parfois rapidement leur tête; bien que cela a été montré dans des films, à la télévision, ou encore dans des dessins animés depuis des décennies, ce geste n’avait jamais été étudié et identifié, et n’apparaît pas sur aucune liste de potentiels indices d’une commotion cérébrale d’organisation sportive ou médicale.
Au dire d’une nouvelle étude menée par la Concussion Legacy Foundation et son cofondateur Chris Nowinski, cela devrait pourant être le cas.
Les travaux en question, publiés dans Diagnostics, révèlent que lorsque les athlètes accomplissent ce mouvement, que M. Nowinski et le principal auteur de l’étude, le Dr Dan Daneshvar, ont appelé « mouvement de tête spontané après un événement kinétique », ou SHAAKE, en anglais, les sportifs signalent avoir subi une commotion dans 72% des cas.
Chez les joueurs de football, cette relation était encore plus marquée, 92% des « SHAAKEs » étant associés à une commotion. Un tel mouvement est généralement enclenché dans les secondes ou les minutes suivant un impact, implique une rotation latérale de la tête à un rythme allant de deux à huit mouvements par seconde, dure généralement moins de deux secondes et ne survient pas pour une autre raison, par exemple sous la forme d’une méthode de communication, écrivent les chercheurs.
M. Nowinski dit avoir d’avoir constaté qu’un SHAAKE était un indice de commotion après que le quart-arrière des Dolphins de Miami, Tua Tagovailoa, eut subi une commotion non diagnostiquée lors d’un match du 25 septembre 2022.
Après que la tête du joueur eut frappé le sol, celui-ci a rapidement bougé le crâne de part et d’autre à deux reprises, avant de vaciller et de tomber par terre. À l’époque, les médecins avaient attribué cette chute à une précédente blessure au dos; l’homme n’a donc pas reçu de diagnostic de commotion cérébrale.
Si M. Tagovailoa avait reçu un tel diagnostic, soutiennent les auteurs de l’étude, il n’aurait sans doute pas joué un match quelques jours plus tard, où il a perdu connaissance après avoir subi ce qui était sans doute une deuxième conmotion en quatre jours, et a dû quitter la partie en étant évacué sur une civière.
« Les organisations sportives et médicales devraient immédiatement ajouter le SHAAKE à leurs listes d’indices d’une commotion cérébrale potentielle », soutient M. Nowinski.
« Les entraîneurs, les professionnels de la médecine et les spécialistes des commotions devraient être formés pour reconnaître ce mouvement et pouvoir retirer les athlètes du jeu en vue d’un examen ultérieur. C’est un changement facile à apporter, sans conséquences, qui pourrait permettre d’éviter des conséquences catastrophiques et sauver des carrières. »
« Un signal fiable »
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont interrogé 347 athlètes et anciens sportifs âgés de 18 à 29 ans. On leur a présenté des exemples vidéo de SHAAKEs, avant de les questionner sur leur expérience avec ces mouvements. Quelque 69% d’entre eux ont signalé avoir vécu de telles situations, et 93% d’entre eux ont indiqué que ce mouvement avait été lié au moins une fois à une commotion cérébrale. En moyenne, les athlètes ont signalé avoir vécu cinq mouvements de ce genre.
« Chez les athlètes que nous avons étudiés, environ les trois quarts des SHAAKEs se sont produits en raison d’une commotion », a souligné le Dr Daneshwar.
« En fonction de nos données, un SHAAKE est un indice fiable qu’une commotion pourrait tout juste venir de se produire, comme c’est le cas pour un athlète qui se tient la tête avec un impact, qui prend du temps à se relever, ou qui perd l’équilibre. À l’instar de ces autres signes, si un sportif effectue un SHAAKE, il devrait quitter le jeu et subir un examen pour déterminer s’il souffre d’une commotion cérébrale. »
Les trois principales raisons signalées par les athlètes, en lien avec un SHAAKE, étaient « de la désorientation ou de la confusion » (25%) des cas, « une impression qu’il faut donner un coup de pouce à votre cerveau » (23%), et « des changements dans votre perception de l’espace, ou encore de votre corps dans l’espace » (14%).
Parmi les autres raisons, on retrouve des maux de tête, de l’étourdissement, une incapacité à maintenir des pensées cohérentes, ainsi que des changements à la vision, l’ouïe, ou encore l’équilibre. Et lorsque le SHAAKE n’était pas associé à une commotion, on évoquait plutôt une douleur au cou, des frissons, une douleur qui n’était pas un mal de tête, ou encore une réaction émotionnelle à ce qui vient de se produire.
« Les études démontrent de façon constante qu’il existe un nombre trop élevé de commotions qui ne sont pas volontairement signalées par les athlètes, que ce soit parce qu’ils ne réalisent pas qu’ils en ont subi une, ou parce que, dans le feu de l’action, ils ne souhaitent pas quitter un match », soutient le Dr Robert Cantu, l’un des coauteurs de l’étude. « Il est essentiel que nous prenions tout signe de commotion cérébrale au sérieux pour assurer la santé et le bien-être des athlètes. »