Que ce soit Kamala Harris ou Donald Trump qui occupe le bureau ovale de la Maison-Blanche, en janvier prochain, ou que ce soit Justin Trudeau ou Pierre Poilievre qui dirige le gouvernement canadien, en 2025, GM Canada assure que ses efforts d’électrification de ses véhicules vont se poursuivre.
De passage à Montréal, mercredi, pour une tournée médiatique, Shane Peever, vice-président aux ventes, service et marketing du constructeur automobile, dit ainsi estimer que le climat est largement au beau fixe en ce qui concerne les véhicules électriques, au pays.
« Les ventes de voitures électriques sont en forte hausse, d’un océan à l’autre, avec 30% d’augmentation jusqu’ici, cette année. D’ailleurs, elles progressent encore plus rapidement au Québec, qui représente plus de la moitié de la croissance. »
Selon M. Peever, « tous les constructeurs proposent des modèles de véhicules électriques, et les consommateurs commencent à les adopter ».
GM n’est pas en reste, d’ailleurs, que ce soit chez l’entreprise même, avec de nouveaux modèles de VUS qui iront rejoindre une gamme relativement limitée, pour l’instant, de véhicules électriques, y compris un mastodonte, le Hummer. Ou chez ses filiales, comme Cadillac, ou encore Chevrolet, pour un public plus vaste.
Pourtant, il y a encore loin de la coupe aux lèvres: même si « GM Canada a vendu un nombre record de véhicules électriques au troisième trimestre », indique M. Peever, cela ne représente qu’environ 10% de toutes les voitures, VUS et camions vendus par la compagnie et ses filiales, sur un total de près de 75 000 véhicules ayant trouvé preneur durant cette période, au pays.
Shane Peever le reconnaît, d’ailleurs: « Nos ventes de camionnettes à essence nous ont permis de prendre la tête du marché canadien. » L’entreprise continue malgré tout de lancer de nouveaux véhicules électriques, y compris des camionnettes et des VUS, en plus de voitures plus traditionnelles, comme l’Equinox, sous la bannière Chevrolet.
Toujours chez GM, on affirme viser le respect de la norme fédérale, adoptée sous les libéraux, voulant que d’ici 2035, toutes les voitures et véhicules de promenade neufs soient à propulsion électrique uniquement. « Avec 20% des parts des ventes consacrées aux véhicules électriques dès 2026; nous sommes bien en voie d’atteindre cet objectif », soutient M. Peever.
« Il y a aussi certaines normes provinciales plus strictes, comme au Québec ou en Colombie-Britannique; nous cherchons à nous assurer de respecter ces dernières, également. »
Toujours au dire du vice-président aux ventes, « GM cherche à vendre davantage de véhicules électriques, mais aussi de véhicules à essence » pour assurer de conserver ses parts du marché canadien.
Élections et Chine
Assurer la transition vers les moyens de transports moins polluants dépend bien souvent de crédits gouvernementaux, de lois fédérales et provinciales, etc. Que se passera-t-il, alors, si Donald Trump, climatosceptique notoire, remporte la présidentielle américaine, dans un peu plus d’une semaine?
Que se passera-t-il au Canada si les conservateurs de Pierre Poilievre, eux aussi vivement opposés à la transition énergétique et à la lutte contre la crise climatique, délogent les libéraux de Justin Trudeau en 2025?
« Peu importe les résultats, nous allons de l’avant avec l’électrification », assure M. Peever.
« Nous avons une vision, chez GM, de zéro émission, zéro congestion et zéro accident, et nous voulons arriver à l’électrification entière d’ici 2035. Nous avons les produits pour y parvenir. »
L’intervention gouvernementale, qu’elle soit américaine ou canadienne, est toutefois la bienvenue lorsqu’il est question de la concurrence en provenant de la Chine, qui est « à la fois un concurrent et un marché ».
« Nous accueillons la concurrence juste, c’est une bonne chose pour l’industrie. Les tarifs en place, au Canada comme aux États-Unis, sont une bonne étape vers l’équilibre de cette concurrence. Nous voulons protéger les emplois de l’industrie en Amérique du Nord », a affirmé M. Peever.
Est-ce à dire qu’en ce moment, le marché n’est pas concurrentiel? Le vice-président de chez GM Canada n’a pas directement répondu à la question, affirmant que cela est lié à « l’implication des gouvernements » et à leur « capacité d’intervention ».
Favoriser l’autonomie
GM a par ailleurs beau promettre des autonomies de 500, voire 700 kilomètres sur certains modèles de VUS, encore faut-il disposer des infrastructures de recharge nécessaires. Heureusement, affirme Shane Peever, ces réseaux de bornes prennent rapidement de l’ampleur. De son côté, le constructeur cherche à rassurer les acheteurs potentiels qui craindaient de « manquer de jus ».
« Il ne faut pas croire qu’il est nécessaire d’effectuer une charge complète chaque fois que vous vous connectez à une borne; vous pouvez vous brancher au bureau, ou en chemin, peut-être pendant 10, 15 minutes, puis vous rebrancher chez vous, le soir », affirme le responsable.
Mieux encore, dit ce dernier, GM a collaboré au développement d’un système, pour l’instant seulement disponible aux États-Unis, qui permet d’utiliser la charge de son véhicule électrique pour alimenter sa maison, voire renvoyer de l’énergie dans le réseau de distribution. Avec l’idée que l’électricité coûte moins cher la nuit, par exemple, et qu’il serait donc possible de profiter de cette période hors pointe pour recharger son véhicule.
Ce système, pas encore offert au Canada, dépend aussi d’un fournisseur d’électricité qui module ses tarifs, ce que ne fait pas Hydro-Québec, pour l’instant.
Quant au risque de trop exiger des réseaux de distribution d’énergie, qui sont bien souvent vieillissants, GM dit être partiellement tributaire de ces mêmes distributeurs pour la mise à jour de leurs installations. Shane Peever rappelle toutefois qu’il est effectivement possible de programmer la recharge de sa voiture pour que celle-ci se déroule à un autre moment qu’à l’heure du retour à la maison et de la préparation du souper, généralement une période où les ménages sont gourmands en énergie.
GM Canada semble donc avoir le vent dans les voiles pour continuer de développer son offre de véhicules électriques. Il reste à savoir si l’enthousiasme sera au rendez-vous pour effectivement atteindre l’objectif de « zéro émission, zéro congestion et zéro collision » d’ici 2035.