Une partie du CO2 émis par les activités humaines est absorbé par les arbres: à travers leurs feuilles, leurs troncs et leurs racines, ceux-ci empêchent donc une partie de ce gaz de contribuer au réchauffement de la planète. Mais qu’arrive-t-il quand les forêts se mettent à brûler en grand nombre? Le CO2 qu’elles relâchent dans l’air fait-il une différence mesurable?
Les calculs ont toujours été approximatifs, parce que ça dépend du type de forêt et de leur âge. Certaines forêts vont par ailleurs se régénérer moins vite que d’autres: c’est le cas des forêts boréales. Or, dans une recherche parue le 18 octobre dans la revue Science, on lit qu’un type de forêt boréale a pratiquement triplé ses émissions annuelles de CO2 entre 2001 et 2023, à cause des incendies plus fréquents.
À l’échelle mondiale, les émissions de carbone de l’ensemble des feux de forêt ont augmenté de 60% pendant cette même période.
Si on remonte à la fin du 20e siècle, les plus gros contributeurs en la matière étaient plutôt les forêts humides de l’Amazonie ou du Congo, parce que celles-ci étaient brûlées pour agrandir des terres agricoles ou à des fins d’exploitation forestière. Mais l’accroissement des incendies dont on parle dans la dernière décennie est bel et bien dû aux conditions plus chaudes et plus sèches, qui accroissent les risques.
En théorie, notent les chercheurs, n’importe quelle forêt peut s’adapter à des conditions plus chaudes et plus sèches. Mais cela prend du temps, et les forêts boréales n’ont pas eu assez de temps pour s’adapter aux changements climatiques en cours. « Ces régions ne sont pas habituées au climat d’aujourd’hui », résume l’auteur principal, le géographe britannique Matthew Jones.
La motivation derrière cette recherche, comme derrière toutes celles qui ont tenté de calculer l’apport des incendies de forêts aux émissions de carbone, est d’atténuer cet impact. Certes, on ne peut pas empêcher le fait que plus le temps sera chaud et sec, plus il y aura d’incendies, mais on peut, espèrent les chercheurs, cibler les régions les plus à risque et adapter les stratégies locales en conséquence —ralentir l’expansion des terres agricoles, régénérer une forêt avec telle espèce d’arbre, etc.
C’est d’autant plus important que, comme tout biologiste le sait, les plus intenses de ces incendies ne brûlent pas seulement les arbres, mais une partie de la végétation et des sols, conduisant ainsi encore plus d’arbres à leur perte, faute de matériel organique capable de faciliter un retour rapide de la biodiversité.