C’est en 1984 qu’A Nightmare on Elm Street, un film d’horreur devenu un immense classique du genre, a pris l’affiche dans les salles de cinéma, et pour souligner cet anniversaire, les studios Warner lancent cette semaine une version en ultra-haute définition du long-métrage.
Depuis le temps, qui ne connaît pas l’histoire de A Nightmare on Elm Street? Prenant place dans la petite ville de Springfield en Ohio, le film met en vedette un groupe d’adolescents qui font tous le même cauchemar, où ils sont pourchassés par un croquemitaine doté d’un gant serti de quatre lames. Profitant de l’absence de sa mère, Tina invite sa meilleure amie, Nancy, et leurs deux copains respectifs, à dormir chez elle, mais elle est assassinée cette nuit-là, et son petit ami, Rod, est accusé du meurtre. Bien que le principal suspect soit derrière les barreaux, l’hécatombe se poursuit, et plusieurs membres du groupe meurent les uns après les autres dans des circonstances mystérieuses. Qui est donc cet homme au visage brûlé hantant leurs rêves, et comment se défendre contre une menace n’existant que dans le monde des songes?
Ayant donné naissance à une franchise dont les nombreuses suites ne possèdent malheureusement pas toutes la même qualité, A Nightmare on Elm Street est un véritable classique du huitième art, qui a même été intégré en 2021 à la bibliothèque du Congrès américain aux côtés d’œuvres comme Citizen Kane, Casablanca ou The Wizard of Oz. Alors que, dans les années 1980, le cinéma d’horreur était principalement dominé par les slashers, Wes Craven a eu la très originale idée d’utiliser le monde du rêve ce qui, tout en ancrant le récit dans la réalité, apporte une touche d’onirisme et même de surréalisme à l’intrigue. Après tout, la sagesse populaire ne veut-elle pas que, si un dormeur meurt dans son sommeil, il décèdera aussi dans la vraie vie?
Sans aller aussi loin que dans Scream (également signé par Wes Craven), le réalisateur s’amuse à détourner les conventions. Par exemple, Tina, introduit au début du long-métrage comme le personnage principal, sera rapidement tuée, ce qui constitue une assez grosse surprise pour ceux et celles voyant l’œuvre pour la première fois. Comme une machine finement huilée, A Nightmare on Elm Street est une œuvre d’une redoutable efficacité, qui va droit à l’essentiel sans perdre de temps et où aucun plan n’est superflu. Plusieurs scènes sont d’ailleurs devenues des pièces d’anthologie, comme la fameuse séquence où Nancy s’endort dans son bain et que les lames du gant de Freddy jaillissent de l’eau entre les jambes de la jeune femme dans un suspense digne de Jaws.
Le niveau de jeu des acteurs dans A Nightmare on Elm Street est aussi supérieur à ce que l’on retrouvait dans les productions d’horreur de l’époque, à commencer par Robert Englund, dont le Freddy Krueger, contrairement aux opus suivants, ne verse pas dans l’humour grotesque ici. Grâce à la performance d’Englund, le croquemitaine s’est taillé une place parmi les monstres légendaires du grand écran aux côtés de Dracula, Frankenstein, ou Leatherface. Heather Langenkamp est parfaite dans le rôle de Nancy, et j’ai toujours été étonné qu’elle ne connaisse pas une carrière plus étoffée suite à sa participation au film. Le long-métrage introduit pour la première fois un jeune Johnny Depp de 21 ans, et met aussi en vedette l’excellent John Saxon.
Bien que certaines scènes nocturnes soient un peu bleutées, la restauration de la pellicule est impeccable, proposant des images limpides aux couleurs vibrantes. En plus du film sur disque 4K, l’édition ultra-haute définition de A Nightmare on Elm Street inclut aussi un code donnant accès à une copie numérique, ainsi qu’une généreuse dose de matériel supplémentaire. On retrouve trois fins alternatives, un Making Of très substantiel de 50 minutes, une revuette traitant de ce premier succès pour les studios New Line, une autre présentant les multiples prises de plusieurs séquences iconiques, un bref documentaire sur les rêves à travers l’Histoire et les différentes cultures, et non pas une, mais bien deux pistes de commentaires.
Scénario, réalisation, maquillages, interprétation, A Nightmare on Elm Street n’a pas pris une ride, et se laisse regarder avec autant de plaisir aujourd’hui qu’au moment de sa sortie, il y a quarante ans. Tous les amateurs d’horreur seront heureux de pouvoir enfin revoir le classique dans une résolution inégalée jusqu’à présent grâce à cette version 4K.
8/10
A Nightmare on Elm Street
Réalisation et scénario: Wes Craven
Avec: Heather Langenkamp, Robert Englund, Johnny Depp, John Saxon, Amanda Wyss, Ronee Blake et Lin Shaye
Durée: 91 minutes
Format : UHD (4K et copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol