En seulement 12 heures, les vents de l’ouragan Milton ont gagné plus de 100 kilomètres à l’heure. En 24 heures, 150 kilomètres à l’heure. Bien davantage que la force avec laquelle il va frapper les côtes de la Floride, c’est cette intensification hors du commun qui présage des temps à venir.
Dimanche matin à 9h, Milton, qui n’était encore qu’une tempête tropicale, avait des vents d’environ 100 kilomètres/heure. 24 heures plus tard, ses vents atteignaient les 250 kilomètres/heure. Les météorologues n’en revenaient pas — même si c’était là une réelle possibilité dont ils parlaient depuis des années.
Pour comprendre ce dont ils parlent, il faut se rappeler que des eaux plus chaudes fournissent le « carburant » dont un ouragan a besoin pour gagner en force. Celles du golfe du Mexique oscillaient en début de semaine entre 28 et 30 degrés Celsius. Plus les eaux sont chaudes, et plus la tempête gagne en force plus vite.
Ce qui veut dire que le réchauffement climatique ne fera pas que créer des ouragans plus forts: on verra plus souvent des ouragans qui gagneront plus rapidement en force. Avec toutes les conséquences que cela implique sur les populations qui auront moins de temps pour se préparer à l’arrivée de la nouvelle tempête.
Dans ce cas-ci, les habitants de la Floride auront eu la « chance » que cet ouragan s’intensifie à l’autre bout du golfe du Mexique: ils auront donc été prévenus dès lundi que la tempête tropicale, apparue samedi, s’était transformée en ouragan entre dimanche matin et lundi matin, et que celui-ci les atteindrait en fin de journée mercredi.
Milton est devenu ouragan de catégorie 5 en fin de matinée, lundi — le plus haut niveau sur l’échelle — avec des vents approchant en fin de journée les 300 kilomètres/heure. Et bien qu’on s’attendait à ce qu’il perde un peu de sa force avant mercredi soir, cette « hyper-intensification », ou cette « intensification explosive », selon les mots du Service météorologique national, sera ce qui retiendra l’attention dans l’avenir immédiat. Le Centre national des ouragans définit comme « intensification rapide » toute augmentation d’au moins 60 kilomètres/heure en 24 heures. Avec Milton, on est à plus du double de ce seuil.
Les eaux du golfe du Mexique ont été systématiquement plus chaudes que la moyenne depuis le mois de mai dernier et l’ouragan Helene s’était lui aussi intensifié anormalement vite le 26 septembre —, mais de « seulement » 95 kilomètres/heure en une journée.
En 2023, des chercheurs avaient conclu à une augmentation, depuis 40 ans, des tempêtes tropicales ayant connu une « intensification rapide ».