Ses influences ne sont pas discrètes: Norland, comme bien d’autres jeux de type « simulations de colonie », est bâti sur les fondations établies par la référence du genre (RimWorld) et y ajoute une touche distinctive. En l’occurrence, le titre s’inspire d’un jeu de stratégie à grande échelle porté sur la microgestion d’un monarque et de sa lignée (Crusader Kings).
Si ce n’est certes pas l’approche la plus révolutionnaire, on lui en tiendra difficilement rigueur. RimWorld lui-même ne s’est jamais caché d’être plus qu’inspiré par Dwarf Fortress. La question, c’est de savoir si ce jeu sorti en accès anticipé à la mi-juillet apporte du nouveau à l’expérience et s’il est assez complet pour valoir le détour.
Chaque partie débute de la même façon: le joueur crée son roi ou sa reine et jusqu’à trois membres de sa famille, puis attribue des points dans huit compétences. La création de plusieurs personnages permet de répartir les points de manière que chacun ait un rôle à jouer.
Ensuite, il faut bâtir à partir de rien, attirer des paysans, gérer leur travail, débloquer de nouvelles possibilités par la recherche, assembler une armée et renverser un ordre religieux qui s’efforce de maintenir son influence après la chute d’un empire morcelé en petits royaumes comme le vôtre et qui exerce un quasi-monopole sur le commerce.
Il vous restera à choisir votre approche. Des alliances peuvent assurer votre sécurité dans une certaine mesure, que ce soit contre vos voisins, des bandits, ou contre une horde impie qui menace d’envahir tout le continent.
Or, se faire des ennemis a aussi des avantages, puisque cela permet d’attaquer leurs royaumes sans trop de conséquences diplomatiques.
La diplomatie, par conséquent, occupe une place stratégique dans Norland.
Les batailles, inévitables dans ce contexte, sont un peu simplistes sur le plan tactique. L’armée la plus nombreuse, la mieux équipée et la mieux entrainée sera toujours avantagée. L’ajout récent de tours de guet apporte toutefois un léger avantage aux villes attaquées. Et c’est tant mieux, en l’absence d’autres fortifications (un élément qui manque cruellement au jeu).
Mais avant toute conquête, il faut bâtir sa ville autant que ses forces. L’essentiel est alors de bien planifier sa croissance.
Une difficulté bien présente
L’équilibre n’est pas toujours évident à trouver lors de la première partie. Bâtir trop rapidement causera une pénurie de main-d’œuvre et une forte croissance démographique nécessitera toujours plus de fermes et de brasseries, qui, comme pour le reste, ont besoin de cette main-d’œuvre pour opérer.
Quant à la recherche, elle a cela de particulier que les apprentissages de l’un de vos nobles sont les siens, et pas ceux de toute votre population. Si un noble quitte votre royaume ou meurt sans avoir transmis son savoir, toute votre civilisation pourrait par exemple oublier comment forger des épées.
Cela peut être agaçant, mais ce choix donne de l’importance à la transmission de connaissance entre les générations, puisque vos personnages se reproduisent, vieillissent et meurent.
Norland apporte donc des spécificités intéressantes au genre des jeux de gestion de colonie, mais est-ce assez pour se démarquer des nombreux autres titres du genre sortis ces dernières années?
Il n’a ni la profondeur de RimWorld ni celle de Crusader Kings. Mais on peut en dire autant d’à peu près n’importe quel titre auquel il est raisonnable de le comparer. Et il s’agit d’un jeu en accès anticipé auquel s’ajouteront encore des fonctionnalités.
Si ses développeurs continuent de travailler sur son équilibrage (quelques systèmes sont encore un peu maladroits, notamment celui qui gère les relations interpersonnelles) et d’ajouter des éléments qui répondent aux demandes des joueurs (comme les tours de guet et l’augmentation du nombre de nobles permis par royaume), le potentiel de Norland est prometteur.
Ceux qui ne cherchent pas à combler un vide après avoir fait le tour du jardin dans d’autres jeux de gestion de colonie – qui ont majoritairement le défaut d’être trop répétitifs à partir du moment où on les maîtrise – pourraient tout de même vouloir attendre la version finale de Norland, au terme de l’accès anticipé, pour y jouer.
Norland (en accès anticipé)
Développeur: Long Jaunt
Éditeur: Hooded Horse
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français