Du théâtre de création; extra-muros, de surcroît! Dès jeudi, et jusqu’à la fin de la semaine, le festival Fous de théâtre accueille les amateurs de cet art indémodable pour sa cinquième édition, le tout dans plusieurs salles de la région de Repentigny, dans Lanaudière. Rencontre avec Caroline Parent, directrice de la programmation de cet événement.
« Depuis 2001, Diffusion Hector-Charland (qui gère les théâtres Hector-Charland, à L’Assomption, et Alphonse-Desjardins, à Repentigny, NDLR) organisait un festival axé sur le théâtre de création. De 2001 à 2016, c’était le Festival annuel d’innovation théâtrale; en 2016, à la fin de cette édition, nous nous sommes dit qu’il fallait peut-être changer le nom, le rendre plus accessible », mentionne Mme Parent en entrevue téléphonique avec Pieuvre.ca.
« Nous avons donc choisi le nom Fous de théâtre; depuis 2017, nous sommes le seul diffuseur pluridisciplinaire à offrir un festival de création. Nous avons un engagement particulier envers le théâtre de création. Et depuis quelques années, il y a aussi la Résidence Jacques-Parizeau, à L’Assomption, qui est un lieu dédié aux résidences de création. Cela nous permet d’accentuer notre appui aux artistes dans leur phase de création. »
Au programme de ce festival: huit événements liés au théâtre, dont des pièces déjà données sur des scènes montréalaises, mais aussi de toutes nouvelles oeuvres. On retrouvera ainsi Émilie Perreault et son spectacle La suspension consentie de l’incrédulité, ainsi que Michelin, de Michel-Maxime Legault. Dans une perspective un peu plus champ gauche, il y aura aussi Macbeth Muet, une « version accélérée et sanguinolente » du classique de Shakespeare, ou encore une première lecture publique de la pièce Un trou dans le crâne, écrite et mise en scène par Marie-Hélène Copti.
Et dans un contexte de poursuite de la rentrée culturelle, où toutes les salles s’arrachent un bassin relativement limité de spectateurs, comment aller chercher son public?
« On s’adresse d’abord et avant tout au public de la MRC », répond Caroline Parent. « Nous sommes très fiers de pouvoir amener des oeuvres qui tournent un peu partout, au Québec, ou, des fois, qui tournent un peu moins. C’est le cas de Macbeth Muet, qui a moins tourné, mais qui est un petit bijou. »
De l’avis de Mme Parent, d’ailleurs, ce type de spectacle « peut convaincre un public différent de celui que l’on rejoint habituellement dans la MRC à traverser le pont pour venir assister à quelques représentations d’oeuvres ayant moins tourné, ou d’oeuvres qui sont encore en chantier de création, comme Flambant nue, des Éternels pigistes, qui viendront lire leur prochaine oeuvre en primeur ».
« Nous sommes très heureux de retrouver ce public qui a envie d’audace, qui a envie de prendre des risques. De notre côté, nous travaillons vraiment sur l’accessibilité des oeuvres, tant dans le choix des thématiques que du côté du prix des billets, par exemple. »
Pour la directrice de la programmation du festival, l’important est d’aider « les différents publics à tomber en amour une première fois avec le théâtre, ou à retomber en amour » avec les arts de la scène.
L’invitation est donc lancée, jusqu’à dimanche prochain.
Un commentaire
Que de bons souvenirs me reviennent à la mémoire lorsque je lis dans votre article le nom du Festival annuel d’innovation théâtrale à L’Assomption. Ici, pour faire plus simple, on le nommait FAIT. Ce festival était offert au centre-ville et je passais d’une salle à une autre à pied. En 2008, pour le théâtreux que j’étais, un passeport (99 $) me permettait de voir les 17 spectacles offerts pendant 4 jours. C’était vraiment abordable à cette époque et je me rappelle que Winston McQuade agissait comme maître de cérémonie.
Ce bon vieux temps est passé. Une nouvelle salle de spectacle a été ouverte à Repentigny, ce qui a eu comme effet de faire alterner ce festival d’une ville à l’autre chaque année. Il y a eu aussi cette pandémie qui a joué le rôle du casseux de party. J’ai assisté à un seul spectacle cette année au festival Fous de théâtre. Le passeport n’existe plus, car il serait prohibitif. On ne vote plus pour indiquer notre appréciation du spectacle présenté.
Malgré tous ces changements, ce festival continue à attirer de nombreux spectateurs. La pièce « Pendant que les champs brûlent » aura fait mon bonheur avec son thème écologique, ses projections sur écrans et des acteurs très actifs. L’inflation menace les arts de la scène alors que les gens coupent dans les dépenses : c’est une réalité qui frappe autant dans Lanaudière que dans le reste du Québec. J’ai déjà hâte à l’année prochaine.