Les experts en grippe aviaire observent anxieusement le Missouri, où une série de cas pourrait laisser croire qu’une éclosion est en cours chez les humains. Mais les données tardent à venir.
Dans cet État du centre des États-Unis, sept personnes qui ont été en contact avec un patient hospitalisé ont montré des symptômes suspects, rapportait le 27 septembre le Centre de contrôle des maladies (CDC). Ce qui peut sembler peu, jusqu’à ce qu’on se rappelle que pour l’instant, on considère toujours que, sauf très rares exceptions, le virus H5N1 de la grippe aviaire n’est jamais parvenu à se transmettre entre humains, uniquement d’un animal à un humain. Une confirmation au Missouri signifierait donc que le virus a acquis une mutation que les experts craignaient depuis des années.
Le virus avait été identifié au début de septembre chez un patient hospitalisé depuis quelques jours avec des « symptômes inhabituels ». Dans une conférence de presse donnée à la mi-septembre, les autorités de la santé avaient rapporté qu’aucun de ses proches contacts n’avait été malade. Aujourd’hui, on en est à sept de ses proches contacts —un membre de sa famille et six travailleurs de la santé. Des tests d’anticorps sont en cours pour déterminer si ces personnes ont été exposées ou non au virus.
Il faut aussi se rappeler que depuis six mois que les premiers cas de grippe aviaire ont été rapportés chez des vaches aux États-Unis, les experts soulignent la lenteur des autorités à déclencher des tests de dépistage dans les fermes: ils allèguent qu’à ce rythme, le jour où on confirmera qu’il y a vraiment une transmission entre humains, il pourrait être trop tard, le virus s’étant déjà trop répandu.
Critiquant dans le New York Times la lenteur à laquelle les quelques rares informations apparaissent, l’épidémiologiste Caitlin Rivers fait valoir que « les épidémiologistes peuvent déduire beaucoup de choses des dates, de l’ordre et de la nature des contacts ». Les communications ont été un peu trop « optimistes », renchérit le directeur du Centre pour la sécurité en santé à l’Université du Nebraska, James Lawler: « le message qui est sorti a peut-être été trop confiant et plus apaisant qu’il n’aurait dû l’être ».
Depuis mars dernier, 13 cas ont été confirmés. La plupart de ces cas ont été bénins, ce qui suggère qu’on est loin du taux de mortalité élevé qui avait été constaté lors des éclosions de la dernière décennie, en Asie.
Toutes ces personnes ont attrapé le H5N1 par des interactions avec le bétail. Mais un grand nombre d’élevages n’ont pas pu effectuer de dépistages, ou ont refusé de le faire. Ce qui veut dire qu’on a aussi un portrait incomplet de la diffusion du virus parmi les animaux.
En date du 1er octobre, le nombre d’élevages qui ont rapporté de telles éclosions depuis le printemps dernier s’élève à 243 dans 14 États (le Missouri n’est pas officiellement sur la liste). On compte une quarantaine de ces élevages en Californie et 29 au Michigan. Aucun cas n’a été rapporté du côté canadien.