Il y a quelque chose de profondément touchant à regarder le documentaire Will and Harper, sur Netflix. Non seulement parce que l’oeuvre offre un regard très intime sur la vie du comédien Will Ferrell et de son amie de très longue date Harper Steele, une femme ayant transitionné à l’aube de sa soixantaine, mais aussi en raison du fait que malgré les caméras, malgré le montage et l’accompagnement musical, nous sommes devant quelque chose de très direct, de très cru, de très vrai.
Après pratiquement 30 ans d’amitié, voilà donc que Will et Harper décident de se lancer dans un roadtrip à travers les États-Unis. D’abord, en quelque sorte, pour reprendre contact de façon plus directe depuis la pandémie – et depuis la transition de Harper –, mais aussi parce que cette dernière, avant de sortir du placard, était déjà une mordue de ces longues journées sur la route, de ces diners servant deux oeufs et du bacon pour déjeuner, de ces bars un peu miteux où l’on rencontre un autre genre d’Américains que sur la côte est.
Cette fois, la chose sera-t-elle aussi simple en tant que femme? Peut-on ouvertement s’afficher comme la personne que l’on est vraiment, même dans des États « rouges » plus conservateurs?
Le film d’une durée de deux heures oscille ainsi entre l’introspection et une sorte d’expérience sociale. « Je n’ai pas vraiment peur d’eux », lancera ainsi Harper, après une discussion avec des spectateurs d’une course de stock cars, dans l’un des États du centre du pays. « J’ai plutôt eu peur de me détester », ajoutera-t-elle, la voix chargée d’émotion.
Et il y aura une série de moments du genre, où les deux amis réalisent que les choses ne sont finalement pas si pires que ça pour les personnes trans. Mais il y aura également d’autres instances où la haine, l’incompréhension et la peur de l’inconnu vont percoler jusqu’à la surface. Rien d’ouvertement dangereux en personne, mais quelques moments du film seront consacrés à des tweets et autres messages diffusés en ligne, où certaines personnes s’en donnent à coeur joie.
Ultimement, Will and Harper est le récit d’une amitié. Une amitié vieille de près de 30 ans, avec des hauts et des bas, ainsi que de grandes transformations. Mais nonobstant ces changements, cette amitié est la preuve qu’il est certainement possible d’être là pour ceux qu’on aime, peu importe leur identité. Et cela, le documentaire le montre particulièrement bien. À voir.