Des corps momifiés il y a plus de trois millénaires et découverts en Chine il y a 20 ans, portaient, en collier, une mystérieuse substance. Celle-ci vient d’être identifiée: ce sont les plus anciens morceaux de fromage du monde.
On ignore s’il s’agissait d’une décoration ou d’une collation pour l’après-vie. Mais ça confirme néanmoins qu’il y a 3600 ans, dans cette province du nord-ouest de la Chine, le fromage était déjà suffisamment à l’honneur pour qu’on ait jugé important qu’il accompagne au moins trois de ces personnes dans leur cercueil.
Les conditions sèches de cette région semi-désertique ont contribué à l’état de conservation des corps en question, qui avaient encore une partie de leurs vêtements, dont un chapeau et un manteau. Ce sont ces mêmes conditions qui ont permis l’identification du fromage, puisque les résidus contenaient encore assez de séquences génétiques pour analyser à la fois l’origine du produit laitier et certains des microbes présents.
C’est ainsi qu’on y trouve des gènes de vache et de chèvre, ce qui suggère que le fromage était fait à partir du lait des deux animaux. Quant aux espèces de bactéries et de levures, elles sont de celles qui, en coagulant le lait sous la forme de ce qu’on appelle des grains de kéfir, faisaient probablement de ces fragments un grand frère de l’actuel fromage de kéfir.
Personne ne semble enclin à vouloir goûter ce fromage. Mais dans une entrevue au New York Times, la chercheuse principale, la paléogénéticienne Qiaomei Fu, de l’Académie chinoise des sciences, se dit confiante qu’avec les informations disponibles, il serait possible de le recréer.
De précédentes découvertes avaient identifié des résidus de gras plus vieux, qui étaient probablement du fromage (ou du yogourt). Notamment à l’intérieur d’un récipient en terre cuite de 7000 ans. Mais c’est la première fois qu’on peut hors de tout doute identifier un fragment aussi ancien. L’étude est parue le 25 septembre dans la revue Cell.