Faut-il encore parler de maternité? Le sujet est depuis longtemps sur bien des lèvres, mais, dixit Caroline Décoste, autrice et responsable du nouvel ouvrage collectif Amours féroces, on commence à peine à effleurer le sujet, semble-t-il. Voilà donc 10 nouveaux témoignages sur ce grand (et petit) moment, sur cet état (ou l’absence de celui-ci), selon autant de voix passionnées et pertinentes.
Ici, une mère polyamoureuse; là, une femme qui a fait le choix de ne pas avoir d’enfant. Là encore, une mère tombée enceinte à l’adolescence… Ou une autre qui, ayant déjà eu une fille, doit interrompre sa deuxième grossesse pour assurer sa propre survie.
Les déclarations se suivent, mais ne se ressemblent pas. Toutes, cependant, s’articulent évidemment autour de ce qui est sans doute l’un des phénomènes les plus fascinants et les plus incroyables du vivant: la capacité de se reproduire, de porter en soi sa descendance.
Bien sûr, il y a plus que le « simple » fait d’enfanter: la maternité, c’est aussi le fait d’être mère, celui de veiller sur son enfant, de l’éduquer, de lui apprendre la vie, de s’assurer qu’il devienne un adulte responsable – enfin, idéalement. Et cela est bien entendu abordé dans ce recueil publié chez KO Éditions.
On pourrait arguer que ce journaliste, un homme, ne pourra pas comprendre l’ensemble des signifiants, des référents présents dans les divers témoignages. Et la chose est peut-être vraie. Mais pour comprendre ce que vivent les femmes (et les personnes possédant un utérus), il faut les lire, les écouter, tenter de se mettre à leur place. Et qui ne s’est jamais interrogé sur la question de la parentalité? Quel adulte en couple n’a jamais eu de discussion, avec sa tendre moitié, à propos de la possibilité d’avoir des enfants? Et qui n’a jamais senti le temps passer, jusqu’à se dire qu’il est peut-être trop tard pour avoir sa propre descendance?
S’ils ne représentent évidemment pas l’ensemble des points de vue, les témoignages contenus dans Amours féroces sont tous pertinents, intéressants, prenants… déprimants, parfois, ou encore réjouissants. Bref, à l’image de la condition de mère elle-même, cet essai est complexe, tout en nuances. Et un bon ajout à cette conversation éternelle.
Amours féroces, collectif sous la direction de Caroline Décoste, publié chez KO Éditions, 160 pages