Cette 30e édition du Festival international de la littérature (FIL) fait la part belle à une femme de Lettres qui s’abreuve de lumière et des zones souterraines de l’être dans sa lutte d’exister. La cinéaste-militante romancière, à qui l’on doit les œuvres La femme qui fuit (Marchand de feuilles, 2015) et Femme forêt (Marchand de feuilles, 2021), prend son souffle en plein élan de la littérature. Sa Femme fleuve (Marchand de feuilles, 2022), elle, est présentée mercredi au Théâtre Outremont. Elle s’émerveille de cet affluent identitaire et nous convie à deux rencontres FIL incontournables: Arsenic mon amour et Genèse d’une révolution sans mort ni sacrifice.
Quand science et poésie se courtisent
Contemplative, Anaïs Barbeau-Lavalette n’en est pas à ses premières amours avec le fleuve Saint-Laurent. Avec sa mère Manon, elle le projetait déjà, majestueux et poétique, dans l’exposition Vues du fleuve avec des estampes et une narration tendre. Elle écrivait face à lui lors de la gestation du projet ainsi qu’en écrivant Femme fleuve. Une œuvre qui invite à réfléchir au territoire fluvial par son attachement. Le territoire de l’amour, avec une composante scientifique et écologiste. « Je me suis nourri de savoirs de scientifiques de l’Université du Québec à Rimouski, des experts du Fleuve, des algues et cétacées, pour tisser la trame intime de mon personnage. Des éléments réels dans une trame poétique pour l’aimer encore plus… »
Parce que le réel dépasse la fiction, l’écrivaine envisage Femme fleuve sur un tabou non résolu: celui du désir et de la maternité. Le dernier tabou qui soit, selon elle. La femme ayant des enfants mérite une posture quotidienne souveraine et c’est cette envie dont il est question, entre liberté et enracinement.
L’adaptation au festival s’élabore en montage spectre, un fragment d’histoire d’amour portée par la comédienne dramaturge Évelyne de la Chenelière. Sa prise de parole convoque un risque, selon Anaïs Barbeau-Lavalette, soit celui de nommer le désir.
Avec Steve Gagnon, ils travaillent dans une démarche philosophique et politique: « J’étais collée au texte et avec lui, opère une nuance de l’incarnation du récit », explique-t-elle.
Distanciation romantique, proximité lumineuse
À l’évocation de l’amour et de la romance, la romancière ne retient point son rire. Son rapport au sentiment amoureux est loin de coïncider avec cette référence relevant de l’académique à ses yeux. L’association à l’amour se veut brute, sensuelle. Un amour carnassier violent, le qualifie-t-elle. Et pour le mettre en lecture, rien de tel que la lumière. Lumière de la vie, de l’être dans son corps. L’écrivaine cherche à exclure les balises imposées, pour choisir sa lumière d’amour, celle de l’enfance, de la famille, de la maison. Une charge de joie mise en lecture où la narratrice s’enracine et génère de la lumière. Une forme de résistance qui se distille aussi dans la douleur.
Anaïs Barbeau-Lavalette animera un débat suite à la performance d’Arsenic mon amour avec des femmes de Rouyn-Noranda membres de Mères au front, à propos de cette catastrophe environnementale de la Fonderie Horme, ainsi qu’avec des scientifiques pour enrichir les propos. La militante s’inscrit aussi dans le récit Genèse d’une révolution sans mort ni sacrifice par sa personne même, son essence.
Mercredi 25 septembre à 20h
Théâtre Outremont
Genèse d’une révolution sans mort ni sacrifice
Jeudi 26 septembre à 19h
Théâtre Outremont
Vendredi 27 septembre à 19h
Théâtre Outremont