Le 18 septembre dernier, la Maison symphonique était l’hôte de l’Orchestre symphonique de Montréal pour un programme particulièrement intéressant. Sous la baguette du chef Rafael Payare, le public a eu droit à une création mondiale, à un concerto pour piano, à une immense symphonie et à l’inauguration des cloches de l’OSM, rien de moins.
La Chapelle, c’est le titre de l’œuvre que l’OSM avait commandée au compositeur canadien, né à Bonn, Michaël Oesterle et lors de laquelle les cloches ont été jouées pour la toute première fois. Rien de tel qu’un espace acoustique tel que celui de la Maison symphonique pour mettre en valeur la résonnance de l’airain, encore que l’une des cloches a semblé offrir une note moins pure que les trois autres. Espérons que mes oreilles m’ont joué un tour…
Quoi qu’il en soit, La Chapelle, ainsi nommée en l’honneur de la Chapelle historique du Bon-Pasteur et de son directeur de longue date M. Guy Soucie, est une œuvre riche. On aurait dit un immense paquebot musical sur lequel tout fonctionne en parfait synchronisme et où les passagers n’ont rien d’autre à faire que de profiter des multiples sonorités et des joyeuses combinaisons sonores comme la superposition des cuivres et des cloches. Le maestro Payare a dirigé cette œuvre avec une telle fougue qu’on aurait cru sa dernière direction d’orchestre venue.
Quittant le paquebot et la mer pour la terre ferme, les spectateurs se sont retrouvés sur le continent européen pour se laisser happer, emporter et transfigurer par le Concerto pour piano et orchestre en la mineur op. 54, de Robert Schumann. C’est à la tornade Daniil Trifonov qu’est revenu le privilège de torturer, mais aussi de cajoler le piano Steinway & Sons de la Maison. À l’instar de Ludwig van Beethoven, Schumann était un véritable romantique et un maître dans la maîtrise de toutes les subtilités que peuvent offrir un orchestre et un piano. Ce fut certainement le moment le plus fort de cette soirée.
En effet, Daniil Trifonov a son style bien à lui et le concerto lui allait comme un gant. Des accords plaqués les plus fougueux aux trilles les plus volatiles, il a démontré un talent beaucoup plus grand qu’une parfaite maîtrise: il nous a montré à quoi ressemble l’addition de la virtuosité et de l’amour de la musique! On l’aurait gardé avec nous pour le reste de la soirée. Ce qui a failli se produire puisqu’il a accordé au public un magnifique et très généreux rappel.
Après toutes ces émotions, l’entracte était le bienvenu, nous permettant d’être frais et dispos pour cette œuvre gigantesque qu’est la Symphonie fantastique H48, op. 14 d’Hector Berlioz. Ce sont près de 50 minutes durant lesquelles le public n’a eu aucun repos, passant par toutes les émotions et par de nombreux rebondissements et surprises. C’est de mémoire que le chef a dirigé avec passion, précision et finesse le très bon OSM. Dans le premier mouvement, très printanier, les cordes étaient soyeuses et ce, même dans l’intensité. Le deuxième et le troisième mouvements ont été marqués par les sonorités célestes des bassons et des hautbois. Et là encore, les extrêmes étaient intenses: merci Payare, merci l’OSM et merci Berlioz.