Qu’est-ce qui fait de Star Wars l’un des univers culturels les plus reconnaissables de l’histoire? Qu’est-ce qui permet de garder petits et grands accrochés devant le grand ou le petit écran, lorsque les mots « Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine » s’affichent? Toute cette excitation, ce rêve d’aventure, cette envie de s’évader dans l’espace est malheureusement absent de Star Wars Outlaws, dernier-né des studios d’Ubisoft.
La licence remontant aux années 1970 est-elle maudite? Après l’acquisition de cet univers par Disney, on n’a compté qu’une poignée de jeux vidéo se déroulant dans ce monde, dont notamment deux nouvelles déclinaisons de la série Battlefront, deux jeux d’aventure s’inspirant de Dark Souls (Jedi: Fallen Order et Jedi: Survivor), un simulateur de vol mais hélas trop court (Squadrons), et c’est tout. Pourtant, on n’arrive plus à garder le rythme des films et séries télé qui semblent produits en série.
On a bien tenté, sans doute, de redonner un peu de vigueur à la branche moribonde des divertissements interactifs en demandant à Ubisoft de concevoir son propre jeu d’aventure et d’exploration, mais l’entreprise française a fait ce qu’elle fait de mieux: la même chose.
Pourtant, sur papier, l’idée d’Outlaws avait du bon: un titre qui se déroule en plein coeur de la trilogie originale, qui ose sortir des sentiers battus en ne mettant pas en vedette un personnage doté de la Force, et en trempant délicatement le gros orteil dans l’océan du jeu en monde ouvert, un genre qui peut être à la fois incroyable et particulièrement dangereux, en fonction du talent des développeurs.
On suit donc une jeune femme, Kay Vess, qui décide de gravir les échelons du monde interlope, et qui sera donc non seulement appelée à effectuer diverses missions pour le compte de ces gangs criminels, mais qui devra aussi monter sa propre équipe, gérer sa réputation auprès des syndicats du crime, échapper à la poigne de fer de l’Empire, etc.
Tout cela est bien beau. Le grand problème, en fait, c’est qu’Ubisoft semble avoir pris une formule qui « fonctionne », possiblement les mécaniques d’un Assassin’s Creed, par exemple, avant de saupoudrer quelques trucs à saveur de Guerre des Étoiles, et de juger que le travail était terminé.
La magie de Star Wars, même sans sabres laser, c’est l’excitation de l’aventure sur des planètes exotiques, le stress de se retrouver soudainement dans un combat spatial qui semble perdu d’avance, l’idée d’un monde vivant où on a parfois l’heureuse impression d’avoir un impact sur le sort de la galaxie.
À l’inverse, cette magie, ce n’est pas de s’infiltrer dans un énième conduit d’aération pour échapper à des gardes. Ce n’est pas aussi d’envoyer sa bestiole distraire des personnages ou appuyer sur des boutons pour ouvrir des portes. C’est encore moins offrir un terrain de jeu en apparence très vaste, mais de le clôturer avec des murs invisibles et ce fameux ordre nous indiquant de REVENIR DANS LA ZONE DE MISSION, sous peine de mort.
On aurait pu excuser les quêtes génériques, les mécaniques de déplacement vues 1000 fois auparavant, les visuels parfois franchement ordinaires, les combats sans saveur… On aurait pu excuser tout cela si Outlaws nous faisait rêver. Mais non, on a plutôt l’impression d’accomplir encore et encore les mêmes gestes, de parler aux mêmes personnages secondaires, de se faire offrir les mêmes scénarios, mais avec un peu de science-fiction ici et là.
Il est ironique de savoir qu’Empire at War, un jeu qui est certes d’un genre différent, rassemble encore suffisamment d’adeptes passionnés pour justifier des équipes complètes travaillant sur des modifications complexes et imposantes, près de 20 ans après la sortie du jeu. Alors qu’il y a fort à parier qu’Outlaws tombera rapidement dans les oubliettes de l’histoire. Y a-t-il vraiment un grand studio dont les créateurs sont assez passionnés pour offrir un vrai bon jeu Star Wars?
Beige, d’allure générique et malheureusement similaire à bien d’autres titres précédemment lancés par Ubisoft, Star Wars Outlaws est à ajouter à l’autel des jeux gâchés par des dirigeants et des responsables marketing beaucoup trop frileux pour leur propre bien. À éviter.
Star Wars Outlaws
Développeur: Massive Entertainment
Éditeur: Ubisoft
Plateformes: PlayStation 5, Xbox Series, GeForce Now, Windows (testé sur Windows/Ubisoft Connect)
Jeu disponible en français