L’hypothèse selon laquelle le jet stream, ou courant-jet, se serait rapproché des pôles de notre planète au cours des dernières décennies, se renforce. Ce « déplacement » accroîtra inévitablement les canicules et les sécheresses dans les régions qui dépendent de ces vents en haute altitude pour diriger — ou non — les précipitations dans leur direction.
On appelle courant-jet, ou courant d’air en haute altitude, des phénomènes atmosphériques qui prennent la forme de rubans sinueux. Circulant d’ouest en est, les courants-jets polaires agissent comme une barrière entre les masses d’air des zones froides et celles des régions tempérées. Ils sont plus forts en hiver, lorsque les écarts de température entre leurs deux flancs sont plus grands.
Lorsque le courant-jet polaire de l’hémisphère nord glisse anormalement vers le sud, on assiste, dans des régions qui n’en ont pas l’habitude, à des températures anormalement froides en hiver —c’est ce qu’on s’est mis à appeler ces dernières années le vortex polaire. S’il devait se confirmer que ce courant-jet est en train, à l’échelle des décennies, de glisser progressivement vers le nord, cela pourrait entraîner un nombre croissant de températures anormalement chaudes, y compris assez loin au nord.
Cela fait au moins 10 ans que des experts émettent l’hypothèse que le déplacement ou l’affaiblissement des courants-jets serait une cause du réchauffement climatique —et aurait un effet amplificateur dans les régions touchées. Mais leur forme sinueuse, leurs variations saisonnières et le fait que les satellites ne les observent que depuis quelques décennies, rendent difficile les prédictions.
Dans une recherche parue en août dans la revue Geophysical Research Letters, quatre chercheurs du Collège universitaire de Londres affirment qu’on commence à voir se dégager des tendances. Ils estiment que, depuis 1980, au-dessus de l’océan Pacifique, le courant-jet polaire de l’hémisphère nord s’est déplacé, l’hiver, de 30 à 80 km par décennie.
Dans une étude parue en avril dernier, une autre équipe avait également conclu à une tendance nette, mais sans se risquer à la quantifier.
Cela peut se traduire par des températures tropicales qui remontent vers le nord au fur et à mesure que le courant-jet remonte lui aussi vers le nord, augmentant progressivement dans ces régions la moyenne annuelle des canicules et des tempêtes.