Les ballons-espions chinois ont fait beaucoup parler d’eux en février 2024, lorsque l’un d’eux a traversé le ciel des États-Unis, d’ouest en est. Mais l’armée américaine investit elle aussi beaucoup là-dedans et se prépare à envoyer là-haut une nouvelle génération dotée des derniers progrès de la technologie.
Ce dont il est question ici, ce sont des ballons capables de se déplacer en très haute altitude, soit dans la stratosphère — entre 15 et 50 km — et surtout, qui sont dotés d’un système de navigation suffisamment autonome pour ne pas avoir à attendre les directives de leur pays d’origine. Un article récent d’un média spécialisé dans les affaires militaires américaines révèle que les États-Unis auraient accéléré « le développement et le déploiement » de ces technologies, sans doute dans la foulée de l’alerte de février dernier.
L’aptitude à naviguer à cette altitude implique des algorithmes capables de prédire la direction des vents et des courants aériens afin de s’en servir au mieux pour atteindre la cible. Le but premier est d’effectuer de la surveillance, quoique les experts qui avaient analysé le potentiel du ballon chinois, en février dernier, avaient fait remarquer que ce qu’il pourrait « voir » au sol ne différait pas tant de ce que peut actuellement voir un satellite-espion. Il y a toutefois deux avantages: un ballon coûte moins cher qu’un satellite, et il peut rester plus longtemps au-dessus du même endroit. Il coûte aussi moins cher qu’un avion-espion, ou même qu’un drone.
En février dernier, la Chine avait admis qu’il s’agissait de son ballon et avait officiellement émis des excuses, alléguant un problème technique, mais avait également affirmé qu’il s’agissait d’un ballon météo ayant dévié de sa trajectoire.
Quelles que soient les intentions des deux pays, il est certain que les récents développements technologiques, entre l’intelligence artificielle pour la navigation et la qualité des images prises depuis là-haut (y compris depuis l’orbite), rendent ces ballons plus attrayants. Mais ce n’est pas aussi nouveau que l’émoi causé par le ballon chinois le suggérait: dans un document de vulgarisation de l’armée américaine publié en 2019, on décrivait déjà les applications militaires des ballons stratosphériques. La NASA emploie des ballons météorologiques qui peuvent voler pendant une centaine de jours. Et le programme Stratos de l’Agence spatiale canadienne, qui remonte à 2012, offre pour sa part aux universités et aux entreprises la possibilité de tester de nouvelles technologies dans ce qu’il appelle un environnement « quasi spatial ».