Et si, plutôt que de construire de vastes réseaux de transport collectif, au coût de nombreux milliards, et dans le cadre d’un processus s’étirant sur des années, on offrait du transport à la demande? Au dire de chercheurs de l’Université Concordia, cette approche pourrait s’avérer plus efficace que les réseaux d’autobus traditionnels.
Dans des travaux publiés dans la revue Transportation Research Record, ces scientifiques disent s’inspirer de l’impact d’Uber sur le modèle des taxis pour mettre de l’avant « une solution aux trajets de bus souvent lents, peu fiables et peu économiques qui desservent les communautés suburbaines et périurbaines ».
Comme l’expliquent les auteurs de l’étude, ce transport à la demande s’appuie sur les algorithmes, dans un contexte où les autobus traditionnels sont remplacés par des minibus. « Les conducteurs répondent aux demandes de passagers effectuées au moyen d’un dispositif intelligent installé aux arrêts d’autobus existants. Les conducteurs récupèrent un ou plusieurs passagers aux arrêts et les déposent au point de transport en commun le plus proche – généralement une gare de train ou une station de métro », indique-t-on par voie de communiqué.
Grâce à cette méthode, les chercheurs affirment qu’il est possible d’améliorer l’expérience dite du « premier kilomètre », c’est-à-dire ce moment où un passager quitte son point de départet se déplace vers un système de transport collectif qui lui permettra ensuite de rejoindre sa destination, qu’il s’agisse d’un commerce, de son lieu de travail, ou encore de sa résidence.
Dans le contexte de la grande région de Montréal, par exemple, cela pourrait représenter le fait de se déplacer vers une gare de train de banlieue pour ensuite se rendre travailler à Montréal, et inversement à la fin de la journée.
« Pour les passagers, il y a une amélioration du point de vue de la flexibilité, du temps d’attente et de la durée totale de leur trajet, car le véhicule n’a pas à s’arrêter souvent. Il récupère simplement quelques personnes aux arrêts où une demande a été faite, puis les dépose à un point de transport en commun », soutient Seyed Mehdi Meshkani, coauteur principal de l’étude.
En fait, ce système existe déjà sur le territoire de la communauté métropolitaine de Montréal: exo, l’agence de transport collectif, propose ce service à Terrebonne, sur la Rive Nord, ainsi qu’à Beloeil, McMasterville et Mont-Saint-Hilaire–Otterburn Park, sur la Rive Sud.
Les passagers peuvent utiliser une application pour réserver un passage dans un autobus. Le succès à Beloeil et McMasterville aurait d’ailleurs convaincu le transporteur d’étendre la portée de ce réseau.
Dans le cadre de l’étude menée à l’Université Concordia, les chercheurs se sont tournés vers l’utilisation d’un minibus nécessitant moins de carburant, de formation et de maintenance qu’un autobus de taille normale. Ce dernier peut coûter, affirme-t-on, jusqu’à environ 9$ par kilomètre parcouru afin de demeurer sur la route, même si l’achalandage n’est pas au rendez-vous.
Passer à un modèle à la demande permettrait ainsi de réduire les dépenses des sociétés de transport collectif, dont le budget est déjà mis à mal en raison des faibles investissements du gouvernement Legault, au Québec.
De l’avis des auteurs des travaux, le transport à la demande pourrait réduire de jusqu’à 36% la durée des trajets, ainsi que diminuer de jusqu’à 41% la durée des détours, comparativement aux services d’autobus existants.