À Paris, une tueuse à gages se retrouve malgré elle impliquée dans une guerre entre des gangsters, un prince saoudien et la police après avoir choisi de sauver une jeune chanteuse témoin de l’une de ses propres « séances de travail ». Le tout avec moult fusillades, cascades et séquences au ralenti débordant de détails. Bienvenue dans The Killer, de John Woo.
Si les noms sont identiques, cette plus récente offre cinématographique du maître de l’action et des pistolets akimbo n’a rien à voir avec le film du même nom de David Fincher, sorti l’an dernier sur Netflix et mettant en vedette Michael Fassbender.
Cette fois, non seulement le personnage principal est joué par l’efficace Nathalie Emmanuel (qu’on a pu voir dans Game of Thrones), avec Omar Sy comme adversaire/collaborateur, mais le cultissime réalisateur hongkongais offre carrément un remake de son film de 1989, s’appelant bien entendu lui aussi The Killer.
Évidemment, on a troqué l’ancienne colonie britannique pour la Ville lumière, avec une forte utilisation de ces magnifiques lieux parisiens qui font le charme de la capitale française. En plus, sans surprise, de diversifier la distribution.
Mais le concept demeure le même: une tueuse à gages qui se retrouve coincée entre deux camps, le tout pour l’équivalent de 350 millions de dollars en héroïne. Ajoutez à cela un policier un peu fier à bras qui se bat contre des bandits, mais aussi contre des policiers corrompus, et vous obtenez la recette pour un film d’action au scénario convenu, certes, mais qui a tous les ingrédients d’un bon divertissement.
Et The Killer est effectivement un bon divertissement, voire un très bon, surtout lorsqu’il est question des scènes d’action. John Woo ne semble avoir rien perdu de son audace et de sa passion pour les fusillades où les éclats, étincelles, débris et autres ricochets sont légion. Sans compter les pigeons: Woo a un intérêt particulièrement marqué pour les pigeons volant au ralenti pendant que les personnages se tirent dessus.
L’intensité des affrontements n’est pas aussi marquée que dans Hard Boiled, mais il est rafraîchissant de voir Nathalie Emmanuel et Omar Sy tirer, sauter, plonger, donner des coups, alors que le public les a généralement vus être cantonnés à des rôles parlants, ou du moins pas très actifs.
Cela étant dit, malgré la qualité des scènes d’action, on sent que le scénario de The Killer bat un peu de l’aile. De la drogue, des policiers corrompus, une tueuse à gages qui sait que son patron et sauveur profite d’elle… Tout cela a déjà été vu, et on constate parfois quelques longueurs.
On s’explique mal, aussi, pourquoi certains personnages, pourtant français, passent parfois à la langue de Shakespeare… avant de revenir ensuite à celle de Molière, quelques phrases plus tard.
Peut-être est-ce imputable à la frilosité du réseau Peacock, qui distribue le film et qui souhaitait peut-être éviter la classification de « film de genre », mais on aurait aimé tomber davantage dans l’excès, dans la violence gratuite. Ou, surtout, dans davantage d’hémoglobine, les giclées de sang artificielles ajoutées en postproduction n’ayant jamais l’impact des effets spéciaux traditionnels.
The Killer, malgré son côté parfois un peu mièvre, demeure un divertissement solide. L’occasion de voir un John Woo encore bien en selle, à qui on semble heureusement donner les moyens de ses ambitions.